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2012, pour gagner

Rares sont les séquences politiques qui, à l’image de celle que nous traversons depuis quelques mois, ont à ce point montré tout ce qui sépare la droite de la gauche. S’y mêlent tout à trac le cynisme politique, la violence des paroles et symboles, l’indifférence à l’égard de ceux qui souffrent, en un mot l’inhumanité la plus pure.

Il fallait voir ces Ministres bronzés de retour de vacances descendre en meute les marches de l’Elysée pour porter avec zèle la parole sarkozyste. Sans oublier bien sûr de cogner dur sur les socialistes, comme le Président l’avait prestement exigé. Que ne faut-il donc pas faire dans l’espoir fébrile de conserver un strapontin à l’approche du remaniement annoncé ? Prendre part à cette fuite en avant misérable, qui fait honte à la République et suscite le rejet de notre pays en Europe et dans le monde. Indigne et révoltante mise en scène, destinée à masquer un échec économique et social depuis longtemps consommé.

Car la fameuse « ri-lance » est bel et bien une escroquerie politique. Le gouvernement a d’ailleurs revu dans une grande discrétion ses prévisions de croissance dans le courant du mois d’août. Pouvait-il en être autrement lorsque l’on sacrifie à dessein la consommation et évacue sans ménagement la question salariale? Les droites européennes, françaises et allemandes en tête, ont fait de la course à la rigueur le leitmotiv de leur (in)action au pouvoir. Sus à la dépense publique. Par définition et pour longtemps, de peur que les marchés viennent sanctionner par l’augmentation de la charge de la dette publique une supposée gabegie sociale.

En France, la droite veut faire 45 milliards d’Euros d’économies d’ici à la fin 2011. Et comme, politique de l’électorat UMP aidant, il est hors de question de toucher au bouclier fiscal, ce sont les couches populaires, les classes moyennes, les handicapés et même les chômeurs qui trinquent.

Exit ainsi l’exonération de charges sociales pour les familles employant un salarié à domicile, revalorisation famélique des allocations aux adultes handicapés, réduction du nombre d’emplois aidés, suppression de la déduction des intérêts d’emprunts immobiliers. A l’arrivée, cette politique entraîne le chômage, la précarité, la souffrance, la perte du lien social et, oui, la délinquance et la violence.

Les services publics disparaissent sur fond de désertification rurale et de banlieues au bord de la rupture. Les ZEP n’ont plus de moyens. La mixité sociale recule et est même combattue. Les obligations de la loi SRU sont bafouées sans grand risque. L’hôpital public dépérit et la droite s’apprête à consacrer au Parlement une réforme des retraites portant l’injustice en son cœur. Triste et lourd bilan au regard de l’intérêt général, si tant est que celui-ci ait encore le moindre sens dans l’Etat UMP.

A cela, il faut opposer la plus ferme opposition. Rien n’est plus faux que de prétendre qu’il n’existe aucune alternative au cycle infini de la rigueur. Le taux d’intérêt moyen sur la dette publique, Grèce mise à part, ne cesse de baisser dans la zone Euro. C’est donc qu’une autre politique est possible. Nos pays ont besoin d’une vigoureuse relance de l’économie, coordonnée et impulsée au plan européen.

Renaît notamment l’idée d’un grand emprunt européen, assis sur des obligations que pourrait émettre la Banque Européenne d’Investissement au bénéfice de secteurs clés comme la recherche, la formation, l’environnement ou l’énergie. Le PSE, sous l’impulsion de Poul Nyrup Rasmussen, a présenté des propositions concrètes pour sortir de la crise, à l’opposé des recettes de la droite qui précipitent des millions d’Européens dans la désespérance sociale. La gauche, les gauches européennes, PS en tête, doivent porter et incarner cette alternative politique.

Plus que jamais, notre société a besoin d’un projet socialiste. Les inégalités se combattent à la racine et rien mieux que le service public n’est équipé pour s’atteler à cette tâche. Service public, intérêt général, sens de l’Etat, voilà ce qui fonde notre démarche à gauche. Faisons du service public le rempart citoyen à l’opposé du bouclier fiscal des happy fews de l’UMP.

Le retour du service public de l’éducation, de la famille et de la justice dans les quartiers, c’est la meilleure arme contre la délinquance et la violence. Ce n’est pas l’expulsion, la déchéance de nationalité, les doubles et bientôt triples peines.

En cette rentrée politique, ce sont sur ces sujets et marqueurs là que nous devons agir, en socialistes, femmes et hommes de progrès, militants d’une société humaine, structurée et paisible. Un projet est à écrire, le nôtre, qu’il faut que nous nous approprions, avec une seule date et un seul objectif : 2012, pour gagner.

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