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Triste naufrage

Il y avait quelque chose de bien étrange, voire même d’indécent à observer ce lundi les multiples porte-paroles de l’UMP se bousculer dans les médias pour y vanter la portée historique du discours de Nicolas Sarkozy à la télévision hier soir. Avons-nous entendu le même message ? Rien dans ce discours n’était historique. Nous avons assisté à une réécriture poussivement opportuniste de l’histoire. De quoi s’agissait-il ? De masquer autant que possible l’incurie de la diplomatie française ces derniers trois mois et d’habiller prestement la mise à la porte de Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux du gouvernement de considérations d’intérêt général. Quel alibi a choisi le Président ? Le danger migratoire, la peur de l’autre, en somme les vieilles rengaines du sarkozysme en campagne.

Conjuguer l’ébranlement démocratique du monde arabe, formidable bouleversement historique, avec une trouille tripale suscitée à des fins électorales est vraiment moche, disons-le tout de go. Comme ces débats récurrents sur l’Islam dont est friand le Président de la République à l’approche des élections. Faut-il n’avoir rien vu ni compris de ce qui se passe dans le bassin méditerranéen pour se laisser aller de cette manière. Faut-il surtout ne pas être à la hauteur des évènements. Michèle Alliot-Marie était certes décrédibilisée par ses propres errements depuis janvier, mais c’est bien aussi du jugement du Président de la République dont il doit être question. Les propos de Nicolas Sarkozy hier soir montrent qu’aucune leçon n’a été tirée de l’inaction de la France ces derniers mois.

A force de frayer avec les dictateurs, de faire de la complaisance avec les pouvoirs les moins fréquentables un principe d’action politique, de penser petit quand il faut agir en grand, c’est le message universel et l’action émancipatrice de notre pays que l’on tait.

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