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Convaincre

Les élections cantonales ont exprimé un rejet clair de la politique du gouvernement. Rarement un pouvoir n’aura été aussi discrédité. Crise politique, crise morale, confusion et chaos au sommet de l’Etat, c’est un tout que les Français ont sanctionné, durement et à raison. Si le mode de scrutin cantonal et le découpage électoral qui s’y rattache avaient été justes, c’est une hécatombe en sièges que l’UMP et ses alliés auraient dû subir au soir du 27 mars. Cet édredon électoral hérité de temps anciens donne à la droite l’illusion qu’elle a peu ou prou sauvé les meubles. A tort.

Avons-nous, à gauche, convaincu les Français que nous représentons l’alternance ? A regarder les seuls pourcentages, l’écart en notre faveur est net. Nous avons objectivement gagné. Je ne suis pas certain par contre que nous ayons encore convaincu. Sans doute les élections cantonales ne suscitent-elles pas, c’est vrai, une immense mobilisation. Reste cependant que la participation famélique aux deux tours de scrutin traduit un manque d’appétence pour tous les partis, PS compris. Et le vote pour le Front National et ses candidats souvent fantômes est une sérieuse alerte.

Il ne faut pas se souhaiter de gagner par défaut. La décomposition du pouvoir est certes avancée, mais ne garantit en rien un retour de balancier politique en notre faveur. Il y aura tant à faire pour relancer notre pays. Seul un vote de confiance au printemps 2012, exprimant une adhésion forte à une série de propositions emblématiques, donnera à un gouvernement de gauche la légitimité nécessaire pour conduire les réformes sur un quinquennat et une législature. Ce travail de propositions est encore à mener afin de transformer le rejet d’un pouvoir discrédité en un soutien solide pour une autre politique.

Le PS réunira dans quelques semaines une Convention Nationale sur le projet. Ce sera la « Convention des Conventions », rassemblant tout le travail effectué au cours des deux années écoulées en un seul texte, qui sera notre feuille de route pour les échéances électorales à venir. Puisse ce projet ne pas être un catalogue, mais une expression offrant une perspective politique, un cap fermement tracé, des priorités et une cohérence d’ensemble. Il faudra se garder d’en promettre tant et plus. La droite nous laisse des déficits et une lourde dette, dont nous devrons tenir compte tant à la fois pour les réduire que pour l’exécution de notre projet.

Je voudrais imaginer que le cœur de ce projet soit la fraternité, autour du lien entre les générations, les territoires et le monde. Mettre du contenu dans l’envie d’autre chose, voilà ce qu’attendent nos compatriotes. J’ai confiance que nos primaires y contribuent. Il semble devenu de bon ton ces derniers temps de les redouter après les avoir ardemment réclamées. Ces primaires seront tout simplement ce que nous en ferons. Il peut y avoir la tentation de la tactique, du surplace, du silence. Elle est à proscrire car c’est collectivement qu’elle nous dessert. Il peut au contraire y avoir le souci de convaincre, par un solide labour politique au bénéfice du / de la candidat(e) et donc du Parti Socialiste tout entier.

J’ai envie de me laisser gagner par une démarche, des propositions, une volonté. Je n’ai pas de candidat préféré. Je n’en rejette a priori aucun non plus. Je veux jauger les convictions, le travail venu de loin, l’enracinement. La campagne des primaires sera dynamique et donnera aux candidats des semaines durant la chance d’argumenter, d’expliquer et de se révéler. Compter ses forces et ses signatures avant le match à coups d’appels, publiés ici et là, serait fuir le débat. Décourager les candidatures aussi. Il faut vouloir convaincre, tracer son chemin, se lâcher, tout donner.

Loin d’être un risque, cet exercice de vérité est le prix à payer pour battre la droite en 2012 et construire l’avenir de la France.

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