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Et si le foot redevenait humble ?

Il y a quelques jours que cette expression me trotte dans la tête. Je ne savais pas si je devais l’écrire. Peur sans doute d’avoir l’air vieux jeu ou naïf. Ou, pire, les deux à la fois. Je m’explique : je suis un vieux footeux. Vieux au sens où mes références sont lointaines (« allez les Verts », c’est dire !) et mes réflexes sur un terrain pas mal émoussés par le temps qui passe aussi. Ce football que j’aime depuis petit, j’ai de plus en plus de mal à le reconnaître. J’ai l’impression d’y voir un business comme un autre, tourné vers le court terme, le profit et le succès, mais plus nécessairement les valeurs sportives. Il faut gagner à tout prix. L’échec n’est plus une option. Deux défaites d’affilée et l’entraîneur commence à préparer ses valises. Les grands clubs tremblent à l’idée de ne pas se qualifier pour la Ligue des Champions. Pourquoi ? Parce qu’elle rapporte des sous…

En France, l’Olympique Lyonnais pourrait ne pas être champion pour la 3ème fois en 3 ans. La belle affaire ! N’est-ce pas tout simplement parce que sur les dernières saisons et l’actuelle, il y avait de meilleures équipes que Lyon. Cela n’enlève rien aux mérites de l’équipe coachée par Claude Puel. Ne pas gagner fait partie du sport. C’est là qu’est mon malaise. Le fric est en train de tuer l’incertitude du sport, ce qui en fait la grandeur. Toutes les grandes équipes connaissent des cycles : de belles victoires et ensuite un coup de moins bien. Auparavant, c’était accepté et compris. Supporters, nous donnions de la voix pour encourager les nôtres dans la galère. Et le balancier revenait.

Désormais, il n’y a d’autre issue que la victoire. Les actionnaires et autres tycoons du pétrole qui s’offrent des clubs comme des danseuses veillent. La Ligue des Champions menace de se transformer en un championnat européen fermé. S’y qualifient automatiquement les 3, voire 4 mêmes premières équipes des championnats nationaux les plus courus. La Ligue Europa, ancienne Coupe de l’UEFA, est considérée comme une sous-Coupe d’Europe, une sorte de seconde division européenne où s’aligner est vécu comme un déshonneur. Il n’y a qu’à voir les angoisses actuelles d’Uli Hoeness, qui redoute de voir son Bayern, scotché à la 4ème place de la Bundesliga, devoir évoluer en Ligue Europa la saison prochaine. Les Coupes nationales sont dévalorisées, concurrencées par d’improbables coupes de la ligue et assorties d’une qualification pour la Ligue Europa.

J’ai la nostalgie d’avant la Ligue des Champions. C’était le monde d’avant et, oui, c’était le bon temps. Le champion national et seulement lui se qualifiait pour la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Le vainqueur de la Coupe nationale allait en Coupe des Vainqueurs de Coupe. Les second, troisième et parfois quatrième des championnats nationaux jouaient la Coupe de l’UEFA. Personne n’était humilié. Les matchs de Coupe des Coupes et de la Coupe de l’UEFA étaient aussi passionnants et suivis que ceux de la Coupe des Clubs Champions. Je me souviens de Bastia en 1978, de l’épopée de Sochaux et des aventures des Canaris de Nantes en Coupe des Coupes. Il y avait de la passion dans les stades et devant nos petites lucarnes. Tous les matches avaient lieu le même soir. C’était de grands rendez-vous.

J’ai envie de retrouver ce monde-là. C’est là que je suis sans doute vieux jeu et naïf. Et si on supprimait la Ligue des Champions pour retrouver ces trois Coupes ? Et si on se disait que programmer 50 matches par équipe par an est pure folie pour la santé des joueurs ? Trop de matches tuent le plaisir. Tous ces matches de poule de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa sont parfaitement inutiles. Retrouvons les valeurs du sport, l’humilité dans la victoire et la défaite, les parfums de légende. Voilà, fin de ma séquence foot couleur sépia !

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout ! Je sais que baratiner sur le foot n’est pas très excitant. A défaut d’écrire une lettre à Michel Platini, qu’il ne lirait pas tant est efficace le filtre de l’UEFA, j’ai fini par me dire que mon blog était aussi le moyen d’exprimer ces idées-là, entre nostalgie et impuissance, avec un peu de rage et toujours au cœur cette même passion pour le sport.

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