Passer au contenu

Sur les plages du Débarquement, au rendez-vous du souvenir (6 juin 2014)

J’étais hier en Normandie pour la commémoration du 70ème anniversaire du Débarquement. Ce fut une journée forte en émotions, mélange d’immense reconnaissance et d’espoir, dont on voudrait, en ces temps troublés, que l’esprit dure longtemps. Face à nous, sur la plage de Ouistreham, il y avait ces hommes âgés qui, le 6 juin 1944, sous un déluge de feu, foulèrent le sol de France pour la libérer de la barbarie nazie. Petites silhouettes désormais frêles, courbées sous le poids des ans, ils étaient alors de jeunes soldats, venus de partout, jetés dans le tumulte d’un conflit effroyable dont l’enjeu était l’avenir même de la civilisation. A quoi pensaient-ils, le regard embué, face à ces tribunes où nous avions pris place ? A leurs camarades tombés par milliers aux premières heures de l’opération Overlord, dans les eaux rougies de la Manche, sur les plages qui désormais portent pour l’éternité le souvenir de leur sacrifice.

 

Il faisait soleil hier à Ouistreham. Loin de la tempête du 6 juin 1944. Comme un contraste paisible avec cette journée décisive dans l’histoire du monde. Les plages du Débarquement sont comme un immense mémorial, où l’on se recueille en silence, face à l’océan et dans l’écho rassurant des vagues. La Normandie, et la France avec elle, fêtait ses libérateurs. De Caen à la Manche, il y avait partout, aux fenêtres, sur les murs et dans les haies, de petits drapeaux aux couleurs des nations alliées. Et quelques drapeaux allemands aussi, comme pour mieux marquer que ce qui se célébrait là était la libération, non du joug d’un pays, mais de celui d’un régime. Il était heureux que la Chancelière Angela Merkel soit présente et que reconnaissance lui soit manifestée. Il était heureux aussi, au-delà des tensions actuelles, qu’avec Vladimir Poutine, la France honore le rôle libérateur de l’Armée rouge et la souffrance du peuple russe.

 

J’ai aimé le discours de François Hollande, son hommage à toutes les victimes, militaires et civiles. La bataille de Normandie fit 20 000 victimes civiles. J’ai aimé, bien sûr, voir le Président Barack Obama, dont l’expression, quelques heures plus tôt, au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, avait été bouleversante. Et applaudir la reine d’Angleterre. La cérémonie a été belle et émouvante. Restait-il quelques yeux secs au moment final, lorsque se déployèrent les étoiles européennes sur la carte de l’Europe étalée à même le sable et retentit l’Ode à la Joie ? Les miens ne l’étaient pas. Sans doute était-ce la dernière fois que nous pouvions saluer les ultimes acteurs du D-Day. Je pensais, les voyant s’éloigner, à celui d’entre eux qui avait filé discrètement de son hospice anglais, pour retrouver ses camarades pour ce dernier rendez-vous sur les plages de Normandie. Une belle histoire, leur histoire, notre histoire. Le rideau  ne tombera jamais.

Laisser un commentaire