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Voyage en Bulgarie (14-16 décembre 2014)

Je me suis rendu en Bulgarie du 14 au 16 décembre. Environ 1 200 Français vivent dans le pays, majoritairement à Sofia, ainsi qu’à Plovdiv et sur la côte de la Mer Noire, à Varna et Bourgas. A Sofia, accueilli par l’Ambassadeur de France Xavier Lapeyre de Cabanes et la Consule Isabelle Engelke, j’ai tenu une réunion publique de compte-rendu de mandat dans les locaux de l’Institut français, en rénovation lors de ma précédente visite en octobre 2013. Cette rénovation de l’ancien immeuble de l’Alliance française de la ville, qui aura coûté quelque 2 millions d’Euros, offre une superbe vitrine à la France, dont le capital de sympathie en Bulgarie est précieux. Plus de 4 500 apprenants sont inscrits à l’Institut, qui dispose aussi d’une très jolie salle de spectacle et d’une belle médiathèque, dont la numérisation sera réalisée sous peu. L’Institut projette de créer une crèche francophone, en sus de la halte-garderie existante. L’augmentation de la fréquentation de l’Institut et notamment de ses cours de français est un atout politique majeur pour notre pays. L’influence de la France en Bulgarie repose beaucoup en effet sur le succès de notre réseau culturel.

J’ai retrouvé avec plaisir le Lycée français Victor-Hugo de Sofia et son Proviseur Michel Sénéchal. Le Lycée, que j’avais connu il y a quelques années avec des effectifs de quelque 500 élèves, en compte désormais près de 700. Sur l’année scolaire en cours, 60 inscriptions supplémentaires ont été enregistrées, pour l’essentiel dans les petites classes, ce qui est d’excellent augure pour le développement de l’établissement, qui s’est fixé l’objectif d’atteindre 850 élèves à l’horizon de 3 à 5 ans. Le Lycée Victor-Hugo est aussi devenu centre de baccalauréat. Les candidats bacheliers de Sofia n’ont plus ainsi, comme par le passé, à se rendre à Bucarest. J’ai visité les classes maternelles ainsi que le restaurant scolaire, très récemment agrandi. Un projet de création de salle de sport est envisagé pour l’année scolaire prochaine. En parallèle, les parents gestionnaires travaillent sur un projet immobilier qui permettrait à moyen terme au Lycée de s’installer dans ses propres murs, projet rendu possible, entre autres, par la stabilisation financière et comptable conduite avec succès ces dernières années par la direction de l’établissement.

Il existe dans l’enseignement public bulgare 47 lycées bilingues et 10 lycées professionnels dotés d’une section française. J’avais visité l’an passé le Lycée Lamartine à Sofia. Cette année, je suis allé à la découverte du Lycée Saint-Exupéry à Plovdiv. Le Lycée Saint-Exupéry scolarise 1 050 élèves, dont 788 apprennent le français en première langue. Il compte un total de 30 classes françaises, où, outre les cours de français stricto sensu (22 heures par semaine la première année et 6 heures les années suivantes), l’enseignement de la chimie, de la géographie, de la physique, de la biologie et de la philosophie se fait dans notre langue. Les enfants, issus du collège, arrivent au Lycée à l’âge de 13 ans après une sélection par concours. Ils en sortent 5 années plus tard et poursuivent leur parcours à l’université. L’Institut français soutient les filières bilingues franco-bulgares, prenant en charge le traitement de 10 lecteurs de français (étudiants de Master 1 ou 2 en français langue étrangère) dans le pays. Quatre lycées bilingues ont obtenu cette année le label France Education, piloté par l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger, qui permet d’assurer en France une part de la formation des directeurs et enseignants concernés et reconnaît aussi la scolarisation des enfants français qui y seraient inscrits.

A Plovdiv, j’ai rencontré le président et la directrice de l’Alliance française, Sevdalin Bojikov et Theophana Bradinska. Environ 400 apprenants suivent les cours de français de l’Alliance, qui organise en outre depuis une dizaine d’années un festival international de la chanson française au mois de juin intitulé « La clef d’or ». J’ai tenu dans les locaux de l’Alliance une permanence pour nos compatriotes. Ce déplacement à Plovdiv m’a permis aussi de faire la connaissance de Kolyo Dinkov, Recteur de l’Université des techniques alimentaires, qui dispose d’une filière française et d’un partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale de Brest. L’Université possède une spécialité reconnue sur le vin, le pain et les produits laitiers. Elle conduit à d’intéressantes carrières dans les industries agroalimentaires. C’est également à Plovdiv que se trouve la plus grande usine d’Europe du groupe Schneider Electric. J’en ai rencontré le jeune directeur, Rémy Borel, qui est à la tête d’une unité opérationnelle de quelque 800 salariés, stratégique pour le développement de l’entreprise en raison de sa proximité des marchés turcs, grecs et roumains. Plovdiv sera la capitale européenne de la culture en 2019. C’est une ville d’une grande richesse culturelle, qu’il faut suivre et encourager. La France y compte une agence consulaire, comme 8 autres pays.

Un nouveau gouvernement, présidé par l’ancien Premier ministre Boïko Borissov, a pris ses fonctions le mois passé à Sofia. Saura-t-il s’attaquer au principal défi pour la Bulgarie : la corruption endémique qui y sévit et plombe l’avenir du pays. Le voudra-t-il ? La corruption frappe la vie publique, le monde économique et la justice. Pour reprendre la description d’un interlocuteur bulgare croisé durant mon séjour, la vie publique en Bulgarie dépend largement de quelques puissants féodaux, oligarques richissimes aux fortunes aussi douteuses qu’elles furent rapides, qui tiennent une bonne part de l’économie, les institutions et les formations politiques. Le fossé est grand entre une classe dirigeante qui ne veut surtout rien réformer et l’aspiration profonde de la société civile bulgare à la normalité. Pourquoi investir dans un pays miné par la corruption et l’insécurité juridique, dont la jeunesse, privée d’avenir, émigre en flux continu ? La Bulgarie a pourtant cruellement besoin d’investissements, besoin aussi de faire un usage efficace des fonds structurels européens. L’on voudrait que l’Union européenne soit ici bien plus attentive, bien plus exigeante, bien plus réaliste aussi sur l’échec effectif du Mécanisme de Coopération et de Vérification (MCV). La Bulgarie, à proximité stratégique de la Turquie et de la Russie, requiert son soutien vigilant.

A Sofia, j’ai pu mesurer l’engagement de nos autorités diplomatiques sur le dossier difficile des Roms. Environ 10% de la population bulgare est rom. Cela représenterait environ 750 000 personnes, vivant le plus souvent dans de véritables ghettos insalubres aux abords des grandes villes. En compagnie de l’Ambassadeur de France et de sa collaboratrice Véronique North-Minca, j’ai pu échanger avec Elena Kabakchieva, médecin, qui préside la Health Social Development Foundation. Cette organisation réalise un travail remarquable en faveur de la jeunesse rom, touchant à la fois à la nutrition, la vaccination, l’hygiène et au planning familial. Ce travail porte ses fruits en termes de socialisation et responsabilisation, pour les enfants et adolescents concernés, mais aussi pour leurs parents. Il est important qu’il soit reconnu et appuyé, ce à quoi s’emploie notre Ambassade. Je me suis promis d’en rendre compte de retour à l’Assemblée nationale. Il n’y a pas de fatalité en effet à ce qu’un peuple vive en marge de la société, dans le plus grand dénuement, victime de préjugés, victime aussi de lui-même.

J’ai achevé mon séjour par une remise de gerbe au carré français du cimetière central de Sofia. Plus de 500 soldats y reposent depuis près d’un siècle, tombés entre 1915 et 1920. Ils ne doivent pas être oubliés. Je remercie l’Ambassadeur Xavier Lapeyre de Cabanes pour la gentillesse de son accueil et le soutien de ses collaborateurs, notamment Isabelle Engelke, pour l’organisation de mon voyage. Merci aussi aux responsables de la Chambre de commerce franco-bulgare et au service économique régional, basé à Sofia, que j’ai pu rencontrer à l’occasion d’un déjeuner. Je serai de retour en Bulgarie en 2015, en particulier à Varna. Et je ne manquerai pas bien sûr la belle exposition sur la Bulgarie qui se tiendra au printemps prochain au Louvre. Vive l’amitié franco-bulgare ! 

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