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Rendez-vous en Croatie (1-2 octobre 2015)

Rendez-vous, voilà certainement l’expression française que nos amis croates, à Zagreb, sur la côte dalmate ou bien encore en Slavonie garderont en souvenir à l’issue du festival « La France en Croatie », qui se termine ces jours-ci. Rendez-vous, parce que c’est précisément ainsi que le festival s’est appelé et a fait connaître son programme, sur fond de design tricolore, grâce à des affiches disposées partout en Croatie. Plus de 170 évènements ont ainsi été organisés depuis le mois de mai. Ils ont rencontré un très grand succès, largement relayé par les médias. Je pense notamment à l’exposition Rodin, aux concerts baroques, à l’histoire du Tour de France, au pique-nique géant, au bal du 14 juillet, à la fête de la musique, à la nuit blanche, aux multiples débats d’idées ou bien à la compétition d’aviron sur le Danube à Vukovar. Tous les publics ont été touchés et il ne fait aucun doute que cet effort inédit, qui doit beaucoup à la mobilisation de l’Ambassadrice de France Michèle Boccoz et de son équipe, y compris dans la recherche active de mécénat, aura contribué durablement à faire connaître notre pays, ses valeurs et ses messages en Croatie.

J’ai eu le privilège de participer au dernier grand évènement du festival. Une conférence sur le changement climatique était organisée les 2-3 octobre aux Archives nationales à Zagreb. Aux côtés de Jean-Pascal Van Ypersele, Vice-Président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du Vice-Ministre de l’Environnement Hrvoje Dozoka, j’ai donné l’un des discours d’ouverture, soulignant la responsabilité de la communauté internationale et de la présidence française de la COP 21 à l’approche de l’ouverture de la Conférence Paris Climat 2015. J’ai argumenté que les décisions à prendre pour tenir sous les 2 degrés l’augmentation de la température terrestre à la fin du siècle, loin d’être des contraintes, devaient être perçues comme des opportunités économiques en même temps que la condition du sauvetage de la planète. Nous avons eu un échange animé avec plusieurs autres intervenants et le public, ouvert au climato-scepticisme qui subsiste, en dépit des évidences. Il était important, je crois, que l’enjeu climatique soit abordé à l’occasion du festival, d’autant que devait se tenir cette semaine à Dubrovnik l’assemblée générale du GIEC.

J’ai profité également de ce déplacement en Croatie, le second cette année (voir ici), pour rencontrer plusieurs représentants de la communauté française, notamment la Conseillère consulaire Florence Nigron-Dautovic, le Président du comité de gestion de l’Ecole Française de Zagreb Jocelyn de la Croix, la Présidente de Zagreb accueil Magali Hübsch et la Présidente de l’Alliance française de Zagreb Jagoda Lukavac. Nous avons fait le point en particulier sur le projet immobilier de l’Eurocampus, qui abrite les écoles française et allemande, ainsi que sur la construction du nouveau terminal de l’aéroport de Zagreb, dont Aéroports de Paris et Bouygues ont la charge. Avec Madame Boccoz, je me suis enquis des conditions d’accueil en Croatie des réfugiés remontant la route des Balkans vers l’Autriche et l’Allemagne. Pas loin de 100 000 réfugiés ont transité par la Croatie depuis la mi-septembre. La dignité et l’humanité de l’accueil des Croates doivent être soulignées. Sans doute parce que le souvenir de la fuite de millions de personnes des zones de guerre en ex-Yougoslavie il y a 20 ans est encore très présent. A la frontière avec la Hongrie, des tentes et des containers chauffés ont été installés.

La Croatie connaîtra des élections législatives le mois prochain. Leur date devrait être annoncée sous peu par la Présidente Kolinda Grabar-Kiratovic. Le HDZ (centre-droit) a la faveur des sondages, mais l’écart avec le SDP (sociaux-démocrates) se resserre cependant. Le SDP du Premier ministre Zoran Milanovic, qui l’avait emporté en 2011 après 8 années d’opposition, paie par l’impopularité les décisions difficiles, notamment en termes d’austérité budgétaire, qu’il a dû prendre pour faire face à la grave crise économique que traverse le pays. Voilà 6 années en effet que la Croatie est en récession. Depuis 2008, le taux de chômage y a été multiplié par deux. Face au décrochage du Franc suisse par rapport à l’Euro, un vote unanime du Parlement croate a récemment imposé la conversion en Euros des emprunts en Francs suisses, ce qui fragilise une partie du secteur bancaire croate. Le contentieux territorial sur la baie de Piran continue d’opposer la Croatie et la Slovénie. Face à des éléments de fraude ayant affecté la procédure d’arbitrage internationale, le Parlement croate, à l’unanimité également, a décidé d’y mettre un terme. La Croatie reste cependant active pour la coopération régionale en Europe du sud-est, où elle joue un rôle de stabilisation très précieux.

Je remercie l’Ambassadrice Michèle Boccoz pour la gentillesse de son accueil à Zagreb.

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