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Visite à Bucarest (25-27 mai 2016)

Je me suis rendu à Bucarest du 25 au 27 mai. Quelque 3.700 Français sont établis en Roumanie et plus de la moitié d’entre eux vivent à Bucarest. Les Français en Roumanie sont chaque année plus nombreux, en particulier en raison de la présence de près de 2.000 étudiants dans les domaines médicaux et pharmaceutiques à Cluj, Iasi et Timisoara. Récemment, ce sont également des compatriotes à la retraite qui ont commencé à s’installer dans le pays. La Roumanie devient une destination recherchée, en témoignent les 135.000 Français de passage en 2015, pour l’essentiel des touristes. Cette attention pour la Roumanie, tant pour l’installation que pour le voyage, n’est pas sans poser des défis à l’activité de notre poste consulaire. Concernant les étudiants, établis pour des cursus de 6 ans, il s’agit de s’assurer qu’ils s’inscrivent au registre des Français de l’étranger et en fassent de même auprès des autorités roumaines. Les retraités, quant à eux, doivent fournir régulièrement des certificats de vie pour percevoir leurs pensions. Se pose également la question de leur couverture maladie et, dans l’hypothèse d’un rapatriement sanitaire, de sa prise en charge. Autant de sujets sur lesquels la communication et l’action sur le terrain sont indispensables afin de responsabiliser chacun sur la prévoyance dont il convient de faire preuve. Les Français de passage confrontés à des pertes ou vols de papiers d’identité sollicitent de notre poste consulaire le laisser-passer nécessaire pour quitter le territoire roumain, la Roumanie n’appartenant pas à l’espace Schengen.

Je souhaite saluer l’activité et le dévouement du service dirigé par le Consul Alexis Grand, d’autant plus que les moyens dont il dispose ne sont pas illimités. Je travaille depuis 2013 à son contact sur plusieurs dossiers difficiles de conflits d’autorité parentale. Je m’inquiète de l’augmentation de la charge de travail pour le personnel consulaire, a fortiori à la faveur de l’extension géographique de ses responsabilités à compter du 1er juillet prochain à la Moldavie, Etat situé hors de l’Union européenne, ce qui conduira le poste vers des tâches supplémentaires comme les actes notariés. Il arrive un moment où travailler davantage sans ouverture de poste nouveau relève peu ou prou de la mission impossible. La recherche sans fin d’économies ne peut constituer l’horizon d’une politique consulaire face à une communauté française dont la taille progresse. Cette inquiétude ne vaut d’ailleurs pas que pour notre seul poste en Roumanie. Le manque général de moyens humains et budgétaires pour nos postes consulaires devient une lourde difficulté et une source de frustration, tant pour les usagers du service public consulaire que sont les Français à l’étranger que pour les agents eux-mêmes, attachés à leur mission et soucieux de l’exécuter le plus efficacement possible. C’est une question que j’aborderai la semaine prochaine à mon retour à Paris avec le Secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger, Matthias Fekl.

J’ai rencontré à Bucarest Serge Rameau, Président de Français du Monde-ADFE, ainsi que les représentants des principales associations de la communauté française : Accueil des francophones de Bucarest, Union des Français de l’étranger, Cercle français, Souvenir français (déposant une gerbe dans le carré militaire du cimetière de Bellu, récemment restauré, où sont inhumés 178 soldats français de la Première Guerre mondiale. Pour ce moment de recueillement, j’étais accompagné de M. Romain René Marco Schall-Schwertz, Président du comité régional de Moldavie du Souvenir français). J’ai eu plaisir à retrouver Benoît Mayrand, conseiller consulaire. J’ai tenu à l’Institut français une permanence et une réunion de compte-rendu de mandat. J’ai visité l’ensemble des services de l’Institut, dirigés par Christophe Gigaudaut. Le rayonnement de l’Institut et son engagement en faveur du cinéma, grâce à la belle salle Elvire-Popesco jouent un rôle considérable pour l’influence de notre pays et de sa culture en Roumanie. Dans une Roumanie volontiers francophone, où le français peut cependant être perçu comme la langue des grands-parents, faire vivre l’envie de notre langue et de notre culture est la mission – réussie – de l’Institut français. Pour cette raison, j’ai tenu à soutenir l’Institut français de Roumanie au titre de ma réserve parlementaire pour l’année en cours, lui accordant 15.000 Euros pour diverses actions de modernisation.

Je suis allé au Lycée Anna de Noailles, qui compte désormais 1.086 élèves. L’inauguration en 2013 de locaux flambant neufs a contribué largement à l’essor des effectifs. J’ai rencontré la Proviseure Carole Soulagnes et les responsables pédagogiques de l’établissement, le directeur exécutif de la fondation gestionnaire Laurent Mathurin ainsi que les représentants des parents d’élèves et des enseignants. Je souhaitais faire le point sur leur retour d’expérience à l’issue de 2 années scolaires pleines dans ces nouveaux locaux, modernes et fonctionnels. Les éléments de satisfaction dominent, mais diverses attentes ou inquiétudes ont aussi été portées à mon attention : augmentation des frais d’écolage, coût élevé des droits de première inscription, conséquences pour le volume des bourses scolaires, recherche difficile d’enseignants recrutés locaux, besoin accru d’enseignement du français langue étrangère, prise en compte des enfants à besoins spécifiques, nuisances liées à la proximité des installations sportives de la voie rapide, transport malaisé vers le lycée et recherche d’une solution pérenne de parking. Le Lycée Anna de Noailles aura l’an prochain des effectifs excédant 1.100 élèves pour une capacité maximale de 1.200. C’est à la fois le signe de son succès, manifesté par d’excellents résultats aux examens, et une interrogation pour l’avenir, en raison de l’attractivité de l’établissement et du développement économique de la Roumanie. Il y a 10 ans, le Lycée comptait moins de 500 élèves.

A l’invitation de l’Ambassadeur François Saint-Paul, j’ai rencontré plusieurs représentants de la communauté d’affaires franco-roumaines pour une discussion sur les perspectives du marché roumain et son attractivité pour nos entreprises. Nous avons échangé aussi sur la situation économique en France. Je me suis rendu sur le site de l’usine Victoria du groupe Michelin à Floresti, que j’ai visité en compagnie de son directeur Jérôme Mouillet. Plus de 1.200 personnes travaillent sur ce site, racheté en 2001 par Michelin et dont la production sert à la fois les marchés proches de la Roumanie et l’international. Avec l’Ambassadeur Saint-Paul et la Première conseillère Catherine Suard, j’ai fait le point sur la situation des quelque 1.200 étudiants français en médecine à Cluj et les négociations engagées l’an passée avec l’Université de Grenoble en faveur de l’accès de ces étudiants à la plate-forme SIDES qui prépare à l’examen classant national (ECN), porte vers l’internat en France. Les négociations avancent pas à pas, lentement. Je reste préoccupé par les résistances tout à la fois mandarinales et protectionnistes à l’accès des étudiants de Cluj à cet outil essentiel de préparation de l’internat. En contact avec plusieurs parents d’étudiants en médecine à Iasi, j’ai obtenu de l’Ambassadeur et de son équipe les dernières informations concernant l’action en justice engagée par l’Université de Iasi contre l’inscription de 23 étudiants français en cours de première année. 500 jeunes Français étudient à Iasi. Il est important de les entendre et de les soutenir face à l’injustice qui leur est faite.

Je remercie l’Ambassadeur François Saint-Paul pour la gentillesse de son accueil. Merci à Catherine Suard pour le soutien précieux pour l’organisation de mon déplacement.

Un petit mot également pour un compatriote venu à ma permanence, Christian Cournede. Monsieur Cournede m’a présenté l’association qu’il a fondée à Bucarest pour financer les opérations du strabisme d’enfants de familles modestes, dépourvues des moyens nécessaires pour faire face aux coûts de ces actes chirurgicaux. L’association vient d’ouvrir récemment un second bureau à Cluj. J’ai été très impressionné et touché par l’engagement de cette association, qui travaille avec les meilleurs chirurgiens ophtalmologistes. L’association de Monsieur Cournede s’appelle Noi Orizonturi Familia et son site est www.noiorizonturifamilia.ro. Il faut la faire connaître et la soutenir.

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