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Un député ne pourrait mener à bien son mandat sans son équipe parlementaire

Depuis le début du « Penelopegate », beaucoup a été dit et écrit sur le travail d’assistant parlementaire. Rien de ce qui a pu être exposé, des tâches et responsabilités aux émoluments évoqués, ne correspond de quelque manière que ce soit à la réalité que je connais avec mon équipe depuis 2012. J’emploie 3 collaborateurs, qui ne ménagent ni leur énergie, ni leur temps. C’est grâce à eux que je peux faire face aux multiples défis du mandat, à Paris comme en circonscription. Je leur consacre l’intégralité du crédit mis à disposition des députés (lire ici). Pour que soit bien compris ce qu’est la fonction d’assistant parlementaire, je leur ai proposé d’écrire à 3 mains un petit texte commun résumant ce qu’est le travail dans notre équipe. Le voici plus bas. Merci à Dorothée, Cyril et Laurent pour ce texte et pour leur engagement si précieux. Merci aussi à Gabriel, qui a fait partie de l’équipe jusqu’au début 2015. Et merci enfin à tous les stagiaires que j’ai eu le plaisir d’accueillir depuis 2012 : Lorenz, Arne, Alina, Sabine, Paul, Clara, Lucie, Jean et Salomé.

Enfin, les médias s’intéressent aux collaborateurs parlementaires, ces « petites mains » des députés ! Il est en revanche dommage que cette mise au-devant de la scène se fasse dans le contexte du « Penelopegate » car non, notre activité n’est en rien comparable à celle décrite par les journalistes.

Pour aider le député de la 7ème circonscription Pierre-Yves Le Borgn’, nous sommes une équipe de trois collaborateurs : une à Paris en charge de l’agenda et de l’activité en lien avec le Palais Bourbon ainsi que la partie législative du mandat. Deux collaborateurs sont en circonscription et gèrent entre autres choses les demandes des citoyens de la circonscription qui s’étend, rappelons-le, sur 16 pays soit un territoire de plus d’1,6 million de kilomètres carrés. Cette répartition des compatriotes sur autant de pays est à la fois l’une des difficultés et le challenge de notre activité. En effet, des écarts de niveau de vie sont constatés et entraînent des demandes bien différentes d’un pays à un autre notamment lorsqu’il est question de la retraite ou bien encore de la couverture santé. Cette mission nous occupe tous trois puisque les dossiers que nous récupérons en circonscription vont avoir un impact sur les causes défendues à l’Assemblée ou bien auprès des Ministères. Cette multitude de tâches nous oblige à travailler bien au-delà de 35 heures pour un salaire plafonné par l’Assemblée nationale. Rappelons que l’enveloppe mise à la disposition de l’élu pour rémunérer l’ensemble de ses collaborateurs est de 9 618€ brut. Le salaire net sur nos fiches de paye est donc loin de ressembler à celui que M. Fillon a pu verser à son épouse ou bien encore à ses enfants.

La particularité de la circonscription fait que nous sommes, malheureusement, souvent confrontés à des situations dramatiques. Que ce soit pour des affaires d’enlèvements d’enfants en Allemagne, en Roumanie ou bien en Autriche. Que ce soit pour des rapatriements de corps après un accident ou bien un suicide. Que ce soit pour des disparitions de touristes français dans certaines régions balkaniques. A chaque fois, en partenariat avec nos postes consulaires et diplomatiques, nous devons gérer des situations difficiles qui demandent beaucoup d’investissements et de tact notamment auprès des familles. Non, notre travail n’est donc pas de tout repos. Nous ne nous reconnaissons donc pas forcément dans les nombreux portraits dépeints dans les journaux récemment faisant des attachés parlementaires des êtres qui profiteraient d’un système bien rôdé.

Le but de cet article n’est certainement pas de nous plaindre car il est évident que notre situation salariale pourrait faire des envieux. S’il y a bien un mot qui ne fait pas partie de notre vocabulaire, c’est le mot « routine ». Notre activité étant liée à l’actualité politique ou bien aux demandes des Français de la circonscription, nous passons souvent d’un dossier à l’autre sans qu’il y ait le moindre rapport entre chaque demande. C’est stimulant intellectuellement et très intéressant car nous ne savons pas sur quoi nous allons devoir travailler pendant la journée lorsque nous arrivons au bureau. De plus, travailler pour un député dont la circonscription est située à l’étranger nous permet d’avoir des liens étroits avec le monde de la diplomatie. Tous les jours nous sommes en contacts avec nos 16 ambassades situées en Europe centrale et balkanique ou bien avec les postes diplomatiques parisiens des pays de notre circonscription. Nous venons tous trois d’horizons bien différents et il est certain qu’aucun de nous ne pensait un jour travailler avec des consulats, des ambassades, des instituts français ou bien des alliances françaises de par le monde. C’est ça notre quotidien. Nous aimons ce que nous faisons car nous servons nos compatriotes et, à notre humble niveau, nous participons aussi au rayonnement de la France dans le monde. Cela vaut donc bien quelques sacrifices.

Dorothée Bellage, Laurent Dechâtre et Cyril Mallet

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