
Le vélo a toujours fait partie de ma vie. Il y a sans doute à l’origine de cette passion une histoire familiale. Trois générations, de celle de mes grands-parents à la mienne, ont aimé pédaler, pour le plaisir certainement et, lorsque les voitures étaient plus rares, pour se déplacer aussi. J’observe à présent mes enfants et je me dis que cette fièvre a gagné leur génération à son tour. Cela me réjouit. Je vois dans le vélo une liberté, une conquête, une émancipation gagnée à la force du jarret. J’ai aussi le cœur plein d’histoires de courses cyclistes, magnifiées sans doute avec le temps, vécues sur un écran de télévision en noir et blanc ou au bord d’une route inondée de soleil, une casquette vissée sur la tête. J’ai eu une petite casquette Gan-Mercier, achetée précieusement un jour de Circuit de l’Aulne dans le Finistère. Le Circuit de l’Aulne était la grand-messe des amoureux de la petite reine en fin d’été. Des milliers de gens venaient de partout en Bretagne et parfois même de plus loin pour acclamer les champions qui nous avaient fait rêver quelque temps plus tôt sur la route du Tour de France. J’en étais avec mon père, ma mère et ma sœur. Et puis surtout, j’ai eu, de mes 7 ans à mes 11 ans, un petit vélo rouge de la marque quimpéroise Arrow, sur lequel j’ai tant pédalé, rêvé … et vécu aussi une drôle d’aventure.
Cette aventure, je la raconte aujourd’hui car cela fait 50 ans tout rond. Personne ne la connaît, ni ma famille, ni ma maman qui la découvrira à la lecture de ce texte. Pourquoi aujourd’hui ? Parce que les fondus de vélo ont une saison et un calendrier dans la tête, et que je n’y fais pas exception. Le 22 juin 1975 avait lieu près de Limoges le championnat de France de cyclisme. Nous avions suivi la course à la télévision avec mon père. Il faisait beau et chaud. Ma mère et ma sœur étaient parties à la plage. Régis Ovion l’avait emporté. Il avait revêtu le maillot tricolore et la Marseillaise avait retenti. J’avais trouvé le moment émouvant et mon père aussi. Il avait connu bien d’autres courses certainement plus mythiques, mais celle-ci, en tout début d’été 1975 était sans doute particulière. Elle l’avait extrait durant quelques heures, et moi avec lui, de la tristesse causée par la disparition de ma grand-mère en fin d’hiver. Nous avions traversé le printemps avec ce chagrin que les beaux jours avaient entrepris d’atténuer. Peu après l’arrivée de la course, mon père s’était assoupi dans le canapé. Il devait être autour de 16 heures. J’aurais pu lire un livre, retrouver ma chambre et mes jeux, mais ma tête était encore au championnat de France. Il fallait que j’aille faire un tour sur mon petit vélo rouge.
J’avais 10 ans et des règles s’appliquaient à moi. Sur ce vélo, je ne devais pas aller plus loin qu’un petit périmètre de rues autour de chez nous. J’étais obéissant et je n’avais jamais enfreint ces règles. Ce jour-là, je ne sais plus bien pourquoi, je l’ai fait. Il y avait le soleil, quelques heures de liberté, la solitude, l’envie de revivre la course à ma façon, le besoin sans doute aussi de me libérer. J’ai pédalé jusqu’au bout de mon périmètre de rues et, au lieu de faire demi-tour, j’ai continué. Je suis parti sur une route que j’avais empruntée parfois en voiture avec mes parents, la route d’Elliant, mais après 2 ou 3 kilomètres, je suis entré en terrain inconnu. Je ne reconnaissais rien. J’ai pédalé, encore et encore, sur ce vélo aux petites roues qui faisait partie de ma vie et que je n’avais jamais emmené si loin. J’ai grimpé des côtes, porté par les images du championnat de France et de Régis Ovion. Un panneau de ci, de là indiquait que je me rapprochais d’Elliant. C’était ma seule certitude. Je roulais toujours, heureux de l’effort accompli, un peu grisé et effrayé aussi par la témérité de mon aventure. J’arrivai à Elliant, une dizaine de kilomètres plus loin que notre maison. J’étais fier. J’avais au poignet ma montre d’enfant et je savais que j’étais dans les temps. A cette heure-ci, personne encore ne s’inquiéterait chez nous.
Pour revenir, je pouvais prendre la route dans l’autre sens, ou en trouver une autre. Aventure aidant, je me dis que je devais explorer un autre chemin. Là fut mon erreur car je n’avais alors qu’une faible géographie dans la tête et – autre époque – ni carte, ni monnaie, ni bien sûr un téléphone pour signaler ma coupable errance. Ergué-Gabéric, notre commune, est à l’ouest d’Elliant. Je pris une route qui semblait viser l’ouest. Elle le fit durant quelques centaines de mètres avant qu’une succession de virages, de montées et de descentes ne me fassent progressivement douter. La route était étroite, un peu escarpée. Allais-je dans la bonne direction ? Je n’en étais plus très sûr et je sentais venir en moi la crainte sourde d’être perdu. Au coin d’une ferme, un chien entreprit de me courser. Il n’était qu’à un ou deux mètres de mes mollets et le sprint que je piquai pour les sauver acheva de me mettre hors d’haleine. Je ne savais plus trop vers où je pédalais et je ne croisais personne. Je regardais le ciel, pensant à ma grand-mère disparue. J’avais vécu le deuil autant que l’on puisse le faire à 10 ans. Était-elle là-haut ? Me regardait-elle ? Je ne trouvais pas de réponse, mais une forme de bienveillance, à l’égal de son souvenir, semblait m’entourer. Elle m’aurait sûrement fait le reproche de cette aventure et elle m’aurait protégé aussi.
Je roulais en scrutant les champs. C’était la campagne la plus totale. J’étais là, petit garçon sur un petit vélo, des rêves dans la tête et face à ce que j’appellerais plus tard une belle galère. La route me paraissait si longue. A un moment apparut entre les arbres une chapelle. C’était Notre Dame de Kerdévot. Je n’y étais encore jamais allé, mais j’en connaissais le nom et je savais surtout que j’étais quelque part à Ergué-Gabéric. Je n’étais plus totalement perdu. Il me fallait trouver le chemin du bourg. J’avançais à vue de nez, jaugeant les croisements et les calvaires. A gauche, à droite, j’allais à l’instinct, sans certitude. Je sentais mes forces faiblir et la crainte m’envahir. Je piochais tant bien que mal sur mon petit vélo rouge pour avancer, zigzaguant dangereusement en danseuse. Je n’avais bien sûr rien à manger ni à boire. J’étais parti à l’aventure sans imaginer un instant sa longueur. Je vis finalement arriver le clocher de l’église du bourg. L’instinct et les calvaires ne m’avaient pas totalement abandonné. Du bourg, je connaissais la route pour retrouver la maison. J’avais dépassé la vingtaine de kilomètres, j’étais fourbu, un peu honteux aussi, et je me demandais surtout ce que j’allais bien pouvoir raconter pour expliquer mon absence. Je n’étais ni Régis Ovion, ni un autre champion, juste un gamin qui s’était égaré.
Je n’eus en vérité rien à raconter. Mon père corrigeait ses copies, pensant que je lisais dans ma chambre, comme je le faisais si souvent. Ma mère et ma sœur arrivèrent de la plage peu de temps après que j’eus rangé mon petit vélo rouge. A lui comme à elles, je ne racontai l’histoire. La nuit venue, je revécus dans mon lit cette aventure. Elle m’avait effrayé, mais séduit aussi. J’avais juste devancé les années en roulant sur les chemins qu’emprunterait plus tard l’adolescent cyclotouriste que je deviendrai, bien meilleur connaisseur de sa géographie et chevauchant un beau demi-course, Arrow lui aussi, mais orange, doté d’un guidon de pro et de vitesses à même de faire passer les côtes bretonnes. Le vélo mythique de mon enfance reste pourtant ce petit vélo rouge, sans doute pour ce jour initiatique de juin 1975. De ce vélo, je n’ai malheureusement aucune photo et je le regrette. Il a fini son parcours chez des cousins à qui nous l’avions donné et qui ne l’avaient pas aimé comme je l’avais fait. Il vit dans mes souvenirs. Et les souvenirs se racontent, même très longtemps après. Du 22 juin 1975 au 22 juin 2025, je me suis dit qu’il y avait prescription et que je pouvais partager cette histoire, entre faits et méfaits, qui dit au fond quel enfant j’étais et aussi quel adulte, fidèle à ses jeunes années, je suis devenu.

La belle histoire du Groupe Ouest
La semaine passée, j’ai été élu Président du Groupe Ouest. J’ai glissé une photo et un petit mot sur les réseaux sociaux. Des tas de messages me sont parvenus, sympas et encourageants, avec une question aussi : le Groupe Ouest, c’est quoi ? Bonne question en effet car le Groupe Ouest, c’est tellement de choses. C’est d’abord une aventure humaine, née de souvenirs et de rêves à partager. C’est un lieu où viennent des scénaristes de toute l’Europe et de plus loin pour travailler leurs récits au contact de personnes passionnées. C’est un endroit magique où je suis arrivé un jour d’avril 2019, invité par un ami, Paul Huon, qui en était le Président. Je m’interrogeais sur la suite à donner à ma vie, quelques mois après avoir quitté la vie publique. Ce jour-là, j’ai rencontré Antoine Le Bos, le directeur du Groupe Ouest, et nous avons échangé passionnément sur la diversité qui fait la richesse de l’Europe. Le cinéphile en moi s’est retrouvé. Quelques mois après, j’entrais au Conseil d’administration du Groupe Ouest.
J’ai envie de raconter toute l’histoire. Au tout début, il y avait Antoine Le Bos, scénariste à Paris, dont l’histoire est liée à la Côte des Légendes. Lorsqu’il était enfant, c’est à Brignogan qu’il venait passer ses vacances d’été auprès de ses grands-parents. Le temps a passé, mais ces souvenirs demeuraient, vifs, forts et inspirants. Lorsqu’il écrivait, Antoine revenait à Brignogan. Les promenades dans le sable le long de la mer libéraient l’imagination. C’est alors qu’Antoine imagine peu à peu un « ailleurs créatif » (selon ses propres mots), dédié au cinéma, dans le Nord-Finistère, loin de la centralisation parisienne, en pleine liberté. De cet « ailleurs créatif », il parle à quelques amis du coin. Et l’idée prend forme, comme le petit dossier qui la supporte, qu’Antoine Le Bos entreprend de porter aux politiques locaux. Vient le premier succès : le soutien de Pierre Maille, Président du Conseil général du Finistère. Et la constitution du Groupe Ouest en association en décembre 2005.
Il est ensuite des rencontres qui scellent un destin. La rencontre d’Antoine Le Bos avec Jean-Claude Simon, directeur de la communication du groupe Even et fondateur de Produit en Bretagne (le fameux petit phare), sera de celles-là. En 2005, le Groupe Ouest intègre l’incubateur de Produit en Bretagne. Avec Jean-Claude Simon, Antoine travaille sur la démarche de mécénat. Il sait aussi pouvoir compter sur le concours précieux de Tino Kerdraon, ancien député du Finistère vivant à Plounéour-Trez. En 2006, le Conseil général octroie au Groupe Ouest une aide financière qui permet le démarrage des activités et l’embauche d’une première collaboratrice en janvier 2007. Antoine Le Bos est alors le Président du Groupe Ouest. Tout le monde est basé au Folgoët dans les locaux de l’agence de développement de la Côte des Légendes. La première Sélection annuelle est mise en place avec un appel à projets en 2007 et les premiers accueils en résidence des auteurs se font en 2008.
De là vient le premier travail de réflexion sur le récit, axé sur la collaboration avec des collectifs d’auteurs. Comment écrire un scénario, comment conserver les spectateurs au cœur d’une histoire ? L’approche se veut pragmatique et fondée sur une multitude d’expériences à fédérer. Et ça marche : s’alimenter les uns les autres, sans partir du même endroit, mais en parlant de la même chose, c’est ce qui compte. Tout n’était pas gagné pourtant. Comment rendre le projet porteur sur la Côte des Légendes ? En l’incarnant dans un lieu symbolique. Un jour de 2009, Tino Kerdraon appelle Antoine Le Bos : un entrepôt d’échalotes est à vendre à la gare de Plounéour-Trez. C’était l’une des dernières exploitations agricoles de la commune. La communauté de communes du Pays de Lesneven et de la Côte des Légendes se porte acquéreur du bâti, puis le loue après travaux au Groupe Ouest. En 2012, le Groupe Ouest entre enfin dans ses murs.
Dès ses débuts, le Groupe Ouest a fait le choix de l’Europe des régions pour sortir de la seule logique française, viser plus loin, se faire connaître, nouer des alliances. Antoine Le Bos est engagé comme scénariste consultant au Torino Film Lab. Cette expérience lui donne l’expérience du travail à l’échelle européenne et des financements possibles pour les projets à venir. Patrice et Françoise Le Loup, habitants de Brignogan, mettent gracieusement à disposition du Groupe Ouest une maison à l’année pour l’équipe et une autre maison pour accueillir les auteurs en résidence. Patrice Le Loup deviendra plus tard le président du Breizh Film Fund. Sont aussi de ces années pionnières Claude Théard, ancien cadre d’IBM, et le papa d’Antoine, Alain Le Bos, ancien commercial dans l’informatique. Mobiliser l’expérience et l’énergie des nouveaux retraités, leurs réseaux et leur temps, ce sera une part du secret.
L’autre part du secret, ce sera le mécénat du Crédit Agricole à compter de 2009. La Bretagne est une terre d’amitiés, une terre de convictions et d’entrepreneurs aussi. Jean-Claude Simon s’ouvre de l’aventure du Groupe Ouest à son ami Jean Le Vourc’h, Président du groupe Even et du Crédit Agricole du Finistère, qui en parle à son tour à Paul Huon, responsable de la communication de la caisse finistérienne. Le mécénat est scellé. Les politiques régionaux se joignent à leur tour, mobilisés par Tino Kerdraon. Le Conseil régional de Bretagne rejoint le Conseil général du Finistère dans le soutien au Groupe Ouest. En 2009, Jean-Yves Le Drian, Président du Conseil régional, assiste à Lesneven à la projection d’un film coaché par le Groupe Ouest. Claude Théard devient Président du Groupe Ouest en 2009. Dix ans plus tard, c’est à Paul Huon, que Claude Théard transmet le relais. Et c’est à Paul Huon que j’ai succédé en ce mois de juin.
Chaque année passent à Plounéour-Trez des stagiaires et auteurs talentueux. L’Europe vient à Plounéour-Trez : l’Europe des auteurs, mais aussi l’Europe institutionnelle, avec un premier financement Interreg. En 2010, le Groupe Ouest est identifié dans un premier projet européen comme lead partner. Il répond à des appels à projets et se désengage du Torino Film Lab en 2016, à mesure que monte en puissance Less is more (LIM). LIM, c’est être à la fois lucide et positif sur l’état du monde, croire en la puissance des récits pour faire société. Les plus belles histoires ne sont pas toutes issues des écoles de cinéma. Elles viennent aussi d’esprits libres et curieux. Le pari de LIM, c’est soutenir ces cinéastes-là dans l’écriture de leur scénario. C’est renforcer la puissance des histoires qu’ils portent et qui les portent. LIM, c’est aussi une coalition pour un cinéma européen à l’écart des récits simplifiés et des super-héros, en lien avec la complexité et la compréhension du monde.
L’originalité du récit, la diversité du récit, le sens du récit, tout cela fonde l’engagement du Groupe Ouest. Avec LIM sont arrivés les workshops de pré-écriture, puis le Story Tank. A l’origine, seuls les Etats-Unis avaient réellement théorisé leur vision du scénario et la puissance du récit. L’Europe n’avait jamais vraiment souhaité s’emparer du sujet. Elle aurait dû pourtant, et elle s’y risque désormais, notamment par des initiatives originales comme le Story Tank et le travail plus récent sur le nouveau Bauhaus européen. Le but du Story Tank est l’échange entre professionnels du récit et chercheurs en neurosciences, sciences cognitives et sciences humaines au bénéfice des auteurs qui écrivent. Le Story Tank est né en 2019, comme une forme de département R&D du Groupe Ouest. Le Story Tank, par ses activités, remue, défie, challenge le Groupe Ouest, par un aller-retour continuel avec les auteurs coachés sur la Côte des Légendes. Il en est devenu l’aiguillon.
En 2008, le premier appel à projets avait conduit 6 auteurs au Groupe Ouest. Aujourd’hui, la Sélection annuelle attire plus de 300 candidatures. Une pré-sélection est opérée par un jury composé de professionnels de l’audiovisuel travaillant en Bretagne. La sélection finale est faite par des professionnels nationaux et internationaux. Les lauréats bénéficient du coaching des scénaristes-consultants du Groupe Ouest gratuitement, y compris durant les 4 sessions d’une semaine en résidence d’avril à décembre. D’autres candidats non-sélectionnés peuvent bénéficier du soutien de la SAS Groupe Ouest Développement via le financement de la formation professionnelle. Pour LIM, 300 candidatures sont reçues pour 16 projets sélectionnés. LIM apporte un accompagnement professionnel sur la conception de l’écriture. Cela se fait en résidence, à raison de 3 semaines dans l’année, de mars à octobre, et d’un suivi à distance entre les séances en résidence.
Le Breizh Film Fund, fonds de dotation du Groupe Ouest, se place dans la continuité de la Sélection annuelle et de LIM, joignant le financement privé au financement public pour permettre à des projets de voir le jour par l’avantage fiscal de la loi sur le mécénat culturel. L’objectif est de soutenir le cinéma indépendant européen et de faire émerger une création cinématographique issue de Bretagne. Le Breizh Film Fund a été créé en 2014 comme premier outil privé de financement du cinéma hors Ile-de-France. Nicolas Menard, Directeur-Général du Crédit Agricole du Finistère, avait alors injecté 1 million d’Euros par an sur 3 ans dans le Breizh Film Fund. Cela a considérablement aidé des sociétés bretonnes de production à s’engager dans des coproductions internationales. Cette dimension territoriale de la création était essentielle pour l’aventure.
Voilà l’histoire du Groupe Ouest, en route désormais vers ses 20 ans. Des succès, il y en a eu beaucoup. L’un d’entre eux, c’est celui du jeune cinéaste belge Lukas Dhondt, récompensé par le Grand Prix au Festival de Cannes en 2022 pour Close. Il y a eu aussi Divines, caméra d’or à Cannes en 2015, passé par la Sélection annuelle en 2013 (Houda Binyamina) et Les Innocentes (Anne Fontaine), qui a rassemblé plus d’un million d’entrées – un chiffre énorme pour la tranche Art et Essai – issu de la Sélection annuelle en 2015 et présenté au Festival Sundance aux Etats-Unis. Et tant d’autres films aussi. Ces succès ont été un tournant dans la reconnaissance du Groupe Ouest, quelque 10 années après sa création. Ils ont été des accélérateurs pour le nombre de candidats à la Sélection annuelle dès les années suivantes. A tel point qu’il est dur aujourd’hui d’imaginer la Côte des Légendes sans le cinéma … et le cinéma sans la Côte des Légendes aussi.
Cette aventure m’a aspiré et passionné. Chaque trimestre depuis 2019, j’ai pris le chemin de la Côte des Légendes. Et d’administrateur, je suis devenu Président. Je ne l’aurais pas imaginé. Il y a tant à construire, tant à raconter, notre histoire commune bien sûr, nos identités multiples aussi . Cette année, nous lançons La Fabrique des Mondes, avec le soutien d’Etat français dans le cadre des investissements d’avenir de France 2030. Notre objectif est de faire du Groupe Ouest le centre de recherche européen en pointe sur les nouvelles méthodes collaboratives en création de scénarios pour le cinéma, les séries et les jeux vidéos. La Fabrique des Mondes s’adressera aussi aux entreprises pour faciliter leurs propres récits, au monde de l’éducation pour aider les générations à venir à comprendre et pratiquer la richesse du narratif, et au défi écologique, car le monde de demain dépendra beaucoup de projets collectifs et de la capacité à les raconter et partager.
L’aventure, c’est un état d’esprit, une curiosité jamais assouvie. Le Groupe Ouest, ses permanents, ses collaborateurs, les 200 cinéastes qu’il forme bon an mal an – y compris durant le plus dur de la pandémie – n’a pas fini de surprendre. Dans l’entrepôt d’échalotes de la gare de Plounéour-Trez, au Café du Port à Brignogan, sur la plage ou le long de la mer à vélo se pense et s’écrit la suite avec Antoine, son équipe et le Conseil d’administration que je préside désormais. Dans la fidélité aux rêves des débuts, pour faire vivre la diversité des histoires, raconter la vie autrement, rassembler et passionner. En lien également avec l’évolution du monde, de la société et des technologies, sans jamais oublier que le cinéma et les séries sont des vecteurs puissants, communicatifs et contagieux d’humanité et de solidarité. En ces temps difficiles que traverse le monde, la création et l’imaginaire sont plus que jamais nécessaires. Pour cela, le Groupe Ouest et la Côte des Légendes ne seront jamais trop loin.