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A la journée des langues du Lycée français Gustave-Eiffel de Budapest (10-11 avril 2015)

Près d’un an après ma dernière visite en Hongrie (lire ici), dont l’attention consacrée aux droits de l’homme et aux libertés publiques avait alors, semble-t-il, intrigué certains dans les milieux proches du pouvoir hongrois ou sensibles à celui-ci, j’ai repris en fin de semaine passée le chemin de Budapest. Retrouver cette belle ville tant chargée d’histoire est toujours un bonheur pour moi. La date de mon voyage était convenue depuis des mois. J’avais promis en effet à Olivier Chiquet, professeur d’anglais au Lycée français Gustave-Eiffel, et au proviseur Régis Haudecoeur d’être présent pour la journée des langues organisée par les professeurs du Lycée et d’en prononcer le discours d’ouverture. J’ai retrouvé avec plaisir durant cette journée joyeuse et animée beaucoup d’enseignants et de parents rencontrés durant mes précédentes visites.

La cause du Lycée Gustave-Eiffel, qui compte 660 élèves, m’est chère. Derrière l’enseignement en français et selon le programme français, il y a les valeurs, l’esprit critique, la liberté. Cela ne fait jamais de mal de le rappeler, d’autant que les autorités hongroises ne reconnaissent toujours pas à ce jour les diplômes français. Cette absence de reconnaissance interdit l’accès à l’université hongroise des bacheliers du Lycée français. J’ai fait cette année un don au titre de ma réserve parlementaire pour la section maternelle du Lycée afin de hâter son équipement en outils numériques. Le Lycée français de Budapest est un élément-clé de notre présence culturelle en Hongrie. J’étais intervenu en début d’année pour que les élèves du Lycée, de passage à Strasbourg, puissent visiter le Conseil de l’Europe.

Dans mon discours à l’ouverture de la journée des langues, j’ai souligné combien l’apprentissage de celles-ci est un éveil au monde et à sa diversité. C’est aussi un éveil à soi-même, tant il est vrai qu’apprendre une langue est souvent une passion et contribue à construire la confiance en soi. J’ai rappelé dans ce cadre mon engagement pour le sauvetage des classes bi-langues, que menace la réforme du collège. Plus une langue s’apprend jeune, plus elle se retient. Les enfants sont comme des éponges. Il n’y a pas cependant d’âge limite pour apprendre et j’ai confié aux élèves mes efforts soutenus, à l’âge avancé de 50 ans, pour améliorer mon espagnol, afin que mes enfants franco-espagnols soient fiers de leur papa ! Enfin, apprendre une langue, c’est se construire une vie professionnelle en Europe et dans le monde. Et c’est bâtir l’avenir, pour soi bien sûr, mais aussi pour nous tous.

Avec l’Ambassadeur de France Roland Galharague et la Consule Marie Vandewalle, j’ai fait le tour de l’actualité de la communauté française en Hongrie, qui comptait au 1er février 2015 un total de 2 314 personnes inscrites au registre des Français établis hors de France. Ce chiffre est stable depuis quelques années. Il faut cependant y ajouter entre 2 000 et 3 000 personnes de plus, non-inscrites au registre, souvent parce qu’elles ne restent en Hongrie que pour une courte période, comme les étudiants et les stagiaires. Notre poste diplomatique et consulaire soutient une trentaine de Français âgés au titre des allocations pour la protection et l’action sociale afin de compenser la faiblesse du minimum vieillesse local. Une cinquantaine de familles perçoivent des bourses scolaires pour faire face aux coûts d’écolage au Lycée Gustave-Eiffel.  J’ai tenu une permanence au café Le Dumas, situé à l’Institut français, et reçu individuellement plusieurs compatriotes. Mon ami Franck Lefebvre, conseiller consulaire de Hongrie, y a également participé.

Comme l’an passé, j’ai tenu à rencontrer plusieurs représentants d’ONG (Amnesty International, Transparency International, Ökotars), des médias (Atlatszo.hu) et du monde universitaire afin d’échanger sur la situation des droits et libertés. J’avais lu le récent rapport du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, consacré à la Hongrie, qui mettait en lumière le cadre juridique inadapté et les pressions politiques exercées par les milieux gouvernementaux dans le domaine des médias, au risque (ou dans le but) d’alimenter l’auto-censure et de décourager le journalisme d’investigation. Nous avons échangé aussi sur le bras de fer engagé par le gouvernement hongrois avec certaines ONG bénéficiaires fonds norvégiens et avons évoqué la montée du discours de haine à l’égard des Roms, des juifs, des personnes LGBT, des réfugiés, des demandeurs d’asile et des sans-abris. Le recours à la rétention des demandeurs d’asile reste massif, y compris même pour les enfants. La rétention des enfants est profondément révoltante. Je m’étais exprimé sur cette question au Conseil de l’Europe en septembre dernier (Cf. vidéo en fin d’article)

Je tiens à remercier l’Ambassadeur Roland Galharague pour la gentillesse de son accueil. Lors de mon prochain voyage en Hongrie, je retrouverai la communauté d’affaires franco-hongroise, que je n’ai pu voir cette fois-ci, et me rendrai, après Szeged l’an passé, à Debrecen, dans l’est du pays, où notamment étudient de jeunes Français.

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