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C’est d’un autre cours que la France a besoin

Les gouvernements, lorsqu’ils sont le dos au mur, assurent toujours qu’il n’existe aucune alternative à leur politique, voire, quand les choses se tendent davantage encore, qu’ils ont raison avant l’heure et, qu’un jour, l’histoire ne manquera pas de saluer leur action. Nicolas Sarkozy incarne cette attitude jusqu’à la caricature, faisant feu de tout bois contre les propositions de François Hollande à chacune de ses « non-sorties électorales » payées par les contribuables. Quand il s’agit de solliciter les deniers de l’Etat pour faire son auto-promotion, comme à Madrid cette semaine ou à Toulon avant Noël (en présence de militants de l’UMP acheminés par bus…), la diète budgétaire devient en effet tout d’un coup très relative. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, disons-le clairement. Combien coûtent au budget de l’Etat ces meetings et voyages spectaculaires organisés depuis l’automne 2011 ? Combien coûtent les étranges « missions » que les Ministres candidats aux législatives à l’étranger s’inventent par le plus grand des hasards dans les circonscriptions où ils se présentent ?

L’injustice, ce sont chacune de ces petites libertés prises avec la rigueur des temps et la morale politique. Ce n’est pas la seule crise financière globale qui explique les difficultés de la France, c’est d’abord et avant tout les errances de la politique économique de la droite. Lorsque le déficit public tangente les 5,5% du PIB, que le déficit du commerce extérieur atteint les 75 milliards d’Euros, que la croissance a disparu et que le taux de chômage excède les 10%, c’est bel et bien d’un échec politique consommé que l’on parle. Et c’est pour cela que la France payait, avant même la dégradation du triple AAA décidée par S&P vendredi dernier, un taux d’intérêt de 3,1% sur les obligations d’Etat quand l’Allemagne ne payait que 1,75%. 50 milliards de niches fiscales improductives pour l’économie française ont non seulement accru l’endettement du pays, mais plombé durablement la croissance. En faisant la politique de ses riches amis, Nicolas Sarkozy porte une lourde responsabilité dans l’addition qu’il présente aujourd’hui à tous les Français.

Il y a dès lors une certaine indécence à voir se multiplier les promesses à la hâte, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, lorsque l’on n’a rien fait des presque cinq années écoulées. Ce n’est pas d’hier que Pôle Emploi est au bord de l’explosion, mais c’est pourtant seulement hier qu’il a été annoncé aux syndicats que 1000 CDD y seraient créés. Quelques dizaines de millions d’Euros ont également été trouvés pour le chômage partiel. C’est pourtant bien avant qu’il aurait fallu agir et surtout bien plus qu’il fallait apporter au regard de l’urgence sociale. Le fameux « sommet social » devenu « sommet de crise », annoncé urbi et orbi, ne répond en rien aux défis de l’économie française car c’est une toute autre politique économique, budgétaire et fiscale qu’il convient de conduire. En rejetant en particulier cette folie qu’il y a à qualifier de « sociale » une augmentation de 2 points de TVA pour réduire les cotisations patronales. Elle se traduirait par une hausse des prix à la consommation, insupportable pour des millions de Français et sans garantie de retour en termes d’emplois.

Echec, incohérence et … donc austérité : l’austérité, version UMP, c’est le sacrifice du service public. Partout. A l’étranger aussi, où nous ne savons que trop ce que le retrait de l’Etat veut dire. Tous les jours, nous le vivons. La mission budgétaire « action extérieure de l’Etat » fait l’objet d’un coup de rabot de près de 15 millions d’Euros dans le budget pour 2012. C’est comme cela que les emplois consulaires sont peu à peu éliminés, les Consulats fermés et les tournées consulaires oubliées. C’est comme cela aussi que l’avenir de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger est désormais engagé. A l’arrivée, c’est le lien citoyen qui fout le camp, cette passion pour notre pays que l’on veut vivre et transmettre, par-delà les distances et les générations. Une toute autre histoire que l’exercice d’auto-congratulation de Nicolas Sarkozy devant les Français de Madrid lundi dernier.
Que dire ? Que les politiques qui conduisent un pays au bord du vide n’ont pas la meilleure place dans l’histoire. C’est d’un autre cours que la France a besoin.

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