Passer au contenu

Cette rigueur qui ne veut pas dire son nom

Ministère des Finances - Bercy
Ministère des Finances - Bercy

Un étrange débat traverse l’UMP ces derniers jours. Le tour de vis gouvernemental annoncé il y a quelques semaines est-il ou non un plan de rigueur ? Voire d’austérité ? Certains assurent que non, d’autres au contraire disent l’inverse. Ce débat a quelque chose d’indécent. Parlons clair : lorsqu’on ne reconduit pas les mesures de soutien au pouvoir d’achat, entrainant la disparition de la prime de 150 Euros à 3 millions de familles modestes, des bons d’achat de services à la personne et de la prime de solidarité active, c’est d’agression contre les Français dont la vie est difficile dont on parle. Les circonvolutions ampoulées autour de la rigueur ou non ne font aucunement illusion. Le gouvernement a choisi de faire payer ses erreurs politiques et son échec économique à ceux qui ont le plus besoin de la solidarité nationale. C’est un choix qui doit être vigoureusement dénoncé.

Avancer la participation de la France au plan de sauvetage de l’Euro comme la raison des économies à réaliser est à tout le moins décalé et choquant. Notre pays s’enfonce dans les déficits et la crise depuis des années. Le bouclier fiscal a plombé le budget de l’Etat et des comptes sociaux sans relancer le moins du monde l’économie. Il a profité à quelques « happy few » et joué contre tous ceux qui attendaient de la puissance publique une main tendue pour rebondir, à l’école, dans la vie professionnelle, à l’âge de la retraite. Quelques dizaines de milliers contre des dizaines de millions… Et c’est pourtant à ces dizaines de millions, indistinctement, qu’il est demandé aujourd’hui d’acquitter la facture du sarkozysme. Réduire sans discernement ni préoccupation sociale les dépenses de 50 milliards d’ici à 2013, c’est sacrifier l’avenir, l’investissement dans le savoir, la solidarité des générations.

Nous trinquerons aussi à l’étranger. Les compressions d’effectifs dans les postes diplomatiques et consulaires sont à redouter. Les crédits consulaires pour l’action sociale, déjà sabrés de 11,5% cette année, risquent d’accuser une autre baisse. Que deviendra l’intervention de l’Etat dans le financement de la 3ème catégorie aidée de la Caisse des Français de l’Etranger ? Le réseau culturel extérieur est plus que jamais menacé, après une réduction de ses subventions de 35% entre 2006 et 2009. L’organisation méthodique du retrait de l’Etat ne peut que nourrir la révolte. Défaut d’ambition, absence de préoccupation sociale, mais aussi duplicité de langage dans ces fastueuses réceptions d’Ambassade organisées pour les Ministres en voyage : Français de l’étranger, le gouvernement s’occupe de vous… Oui, il s’emploie à liquider peu à peu les instruments du pacte républicain outre-frontière !

La colère est légitime. Et elle est saine aussi. Il n’existe aucune fatalité à ce que l’action publique à l’étranger se traduise toujours par un moins. Il doit être possible de parler de plus. Il faut réhabiliter l’action publique, réarmer l’Etat, lui donner les moyens de servir efficacement, humainement, socialement les quelque 1,5 million de Français de l’étranger. Il doit être possible d’investir le terrain européen pour porter plus loin l’action législative en matière de citoyenneté, de droit de la famille, de la sécurité sociale, de la formation professionnelle et des études.

Pour cela, l’alternance politique est nécessaire. L’Etat doit retrouver les moyens d’agir, en supprimant le bouclier fiscal et mettant en place un impôt citoyen, progressif et juste.

Nous avons rendez-vous avec les Français en 2012, mais le travail de conviction et de campagne a déjà commencé.

2 commentaires