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Compenser mon empreinte carbone de député

J’ai souhaité au terme de la législature faire calculer mon empreinte carbone de député des Français d’Europe centrale et des Balkans. L’exercice du mandat entre Paris et la circonscription m’a conduit en effet à voyager toutes les semaines depuis mon élection en juin 2012. Je considère que cette empreinte carbone doit être connue, expliquée et bien sûr compensée. C’est à la fois une question de conscience personnelle et aussi une responsabilité qu’il m’importe d’assumer comme rapporteur à l’Assemblée nationale de l’accord de Paris sur le climat. Nous n’avons pas à l’Assemblée l’obligation de compenser notre empreinte carbone et je le regrette. La seule fois où l’un de nos déplacements a été compensé fut lorsque nous nous rendîmes à Berlin à l’occasion de la session jointe avec nos collègues allemands au Bundestag pour les 50 ans du Traité de l’Elysée en janvier 2013. Trois avions avaient été affrétés pour ce voyage, auquel quelque 400 députés avaient participé, et l’Assemblée nationale avait alors compensé l’empreinte qui en était résulté.

J’ai demandé à Atmosfair, une organisation basée à Berlin, largement reconnue dans la protection du climat, de calculer mon empreinte carbone sur la base de tous les voyages recensés dans mes agendas depuis le 18 juin 2012 jusqu’à la fin du mois de février 2017. Pour les 4 derniers mois à venir de la législature, une simulation a été faite. Atmosfair a utilisé la méthode de calcul développée par VDR, l’association allemande des professionnels des déplacements d’affaires. Il en ressort que le 18 juin 2017, lorsque s’achèvera mon mandat de député, mon empreinte sur la durée de législature sera d’environ 163 tonnes de CO2 (148 tonnes en avion, 12.5 tonnes en train et 2.59 tonnes en voiture). Cette empreinte correspondra à une distance totale parcourue de 588 000 kilomètres pour 582 déplacements. C’est un résultat conséquent, qui reflète l’intensité du mandat de député des Français d’Europe centrale et des Balkans. J’ai beaucoup voyagé. Aucun de ces voyages n’a été superflu ou inutile. La contrainte climatique requiert cependant de travailler et voyager différemment.

Voyager différemment, c’est choisir plus souvent le train. Je voyage en train dans la partie occidentale, essentiellement rhénane, de l’Allemagne ainsi que vers Paris. Je prends plutôt l’avion pour me rendre dans l’est et le sud de l’Allemagne ainsi que dans le reste de la circonscription qui, faut-il le rappeler, s’étend jusqu’à la mer Noire et à la frontière turque. En gérant mieux mon temps, je pourrais voyager par train dans toute l’Allemagne. Je devrais renoncer également à tout déplacement en voiture. C’est possible en circonscription, plus incertain depuis les gares et aéroports de Paris vers l’Assemblée en raison des kilos de dossiers que je transporte chaque semaine dans mes bagages. Je continue d’emprunter le métro à Paris. J’ai renoncé à regret, mais par prudence, au Vélib’ après avoir connu quelques frayeurs au début du mandat dans un couloir de bus en raison d’un bagage trop pesant. Enfin, et c’est le plus important, certains déplacements devraient pouvoir être remplacés par des visioconférences ou conférences sur Skype.

Là est sans doute tout le défi. Sous la présidence de Claude Bartolone, l’Assemblée a beaucoup progressé en termes de modernisation, mais du chemin reste néanmoins à parcourir. J’ai pu m’en apercevoir quand, rompu aux conférences téléphoniques par ma vie d’entreprise d’avant et mes permanences en ligne avec les compatriotes de la circonscription, j’ai entrepris, sans m’interroger sur la perception que cela entrainerait, de réaliser des auditions au téléphone ou par Skype comme rapporteur d’un projet de loi. Or, les services de l’Assemblée nationale n’étaient pas du tout prêts à de telles méthodes et ces initiatives, que j’assume totalement, ont pu ponctuellement créer quelques « frottements ». Cela m’a beaucoup surpris. Il est nécessaire de se projeter au-delà du sentiment que « ce n’est pas d’usage ». Nous devrions pouvoir mener depuis l’Assemblée des auditions en visioconférence. Nombre d’organisations, parmi lesquelles d’autres Parlements, le font depuis longtemps. Il faut suivre ce mouvement, qui permet de travailler mieux et de voyager moins.

Je dois compenser mes 163 tonnes d’émissions de CO2. J’ai saisi les questeurs de l’Assemblée nationale pour que cette compensation se fasse depuis mon budget de transport. Mes déplacements sont financés par ce budget et il me paraît logique qu’il couvre également la compensation. C’est un budget que je sous-consomme d’environ 20% tous les ans. J’aurai la réponse des questeurs le mardi 14 mars. Je suis le premier député à introduire une telle demande et je n’ignore pas que si les questeurs me donnaient satisfaction, cette « jurisprudence » aurait vocation à s’appliquer à tous mes autres collègues, ce qui est au demeurant ce que je souhaite. Idéalement, la compensation, aux alentours de quelque 3 500 Euros, serait faite directement par l’Assemblée vers un projet précis, qui fasse du bien à la planète et se trouve hors de l’Union européenne, dans un pays non-couvert par le système européen ETS. Rendez-vous, je l’espère, avec une belle photo pleine de chlorophylle d’ici la fin du mandat.

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