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Fête de la Rose à Berlin : les Français à l’étranger, une chance pour la France

Chers amis, chers compatriotes,

Quel bonheur de nous retrouver ici, à Berlin, pour une Fête de la Rose en ce jour de mai si symbolique ! Merci à la section de Berlin du Parti Socialiste, à Matthieu Rigal et à toute l’équipe qui a travaillé sans relâche pour l’organisation de la fête. Merci à François Hollande d’être avec nous. Sa présence nous honore et nous fait chaud au cœur. Je salue aussi Bernard Poignant, maire de Quimper, ma ville natale, dont je collais les affiches en des temps héroïques et heureux.

Le 8 mai marque la fin de la guerre et des souffrances en Europe, c’est vrai, mais il marque aussi le début de la paix, de la réconciliation, de la coopération, de l’intégration. Ce 8 mai annonce le 9 mai et la déclaration de Robert Schuman. Il fonde sur les cendres d’un continent exsangue la plus belle aventure humaine du XXème siècle : l’union des peuples et des Etats d’Europe. Projet européen auquel les socialistes ont lié leur combat et au cœur duquel ils ont inscrit leur volonté.

Songeons au chemin parcouru depuis le 8 mai 1945, Allemands et Français ensemble. J’ai une pensée pour ceux qui, en Allemagne, ont résisté à l’horreur nazie. La Weisse Rose, Hans et Sophie Scholl, Willy Brandt, l’une des plus grandes figures de la social-démocratie, et tant de militants anonymes, engagés au SPD, au Parti Communiste ou dans la Démocratie-Chrétienne, qui ont péri parce qu’ils défendaient la démocratie contre la barbarie. Ils portaient au cœur l’humanisme et la liberté de pensée qui ont fait de l’Allemagne ce pays d’immense culture qui a permis depuis Frédéric II aux idées des Lumières de s’épanouir. Cet héritage-là transcende les frontières et les époques. Il est le meilleur de l’Europe.

Ce mois de mai est pour nous, socialistes, celui des symboles et souvenirs glorieux : 1er mai bien sûr, 8 mai, 9 mai, 10 mai ! Il y a 30 ans, le peuple français portait François Mitterrand à la Présidence de la République. Jour immense pour tant de compatriotes, qui croyaient l’alternance impossible. J’en ai un souvenir si fort. François Hollande encore plus, j’imagine, lui qui travaillait dans l’équipe de campagne et s’apprêtait à suivre le Président Mitterrand à l’Elysée.

S’en est suivi un tourbillon de réformes, mélange de justice, d’audace et de courage, de toutes les forces de la France, comme l’affirmait le slogan de campagne. Souvenons-nous : les radios libres, la démocratie locale, la démocratie dans l’entreprise, l’abolition de la peine de mort et tant d’autres mesures qui, si elles appartiennent désormais au patrimoine commun de notre pays, venaient de nos rangs et de notre militantisme.

C’est en 1981, au sein du Parti Socialiste et de ses sections hors de France, n’en déplaise à la droite, qu’est née l’idée de représenter au Parlement les Français vivant à l’étranger. Pourquoi tant de compatriotes devaient-ils en effet accepter, pour cause de vie hors de l’hexagone, de ne pouvoir participer à l’élection de la représentation nationale ?

C’est le combat que nous avons mené avec Français du Monde – ADFE, association que la gauche avait créée en 1980. Il a conduit à la représentation actuelle des Français à l’étranger au Sénat, puis l’idée faisant son chemin – le militantisme socialiste a du bon – à la modification constitutionnelle permettant l’élection de 11 députés des Français de l’étranger à l’Assemblée Nationale en 2012.

Pourquoi ces députés ? Parce que, Français à l’étranger, nous ne sommes pas en exil de la vie politique nationale, lointains spectateurs d’un échange qui ne serait plus le nôtre. Nous sommes au cœur du débat citoyen, dans toute notre diversité. La distance n’est pas une absence. Au contraire, elle décuple la passion pour notre pays, son message universel, sa richesse culturelle et, en un mot, son avenir.

Ici à Berlin, mais aussi à Vienne, à Budapest, à Sarajevo, à Timisoara, dans tant de pays et villes de notre circonscription, c’est la France de la solidarité internationale, la France de l’intégration européenne, la France des Lumières que, Français à l’étranger, nous chérissons.

Les Français de l’étranger sont une chance pour la France, car ils contribuent à son rayonnement et à en écrire l’avenir. Qui sommes nous ? Des femmes et des hommes de toutes conditions, de tous âges, partis à l’étranger, parfois nés à l’étranger, au carrefour des cultures, des nationalités et de l’histoire. Il y a la génération Erasmus, dont nous fêterons bientôt les 25 ans, si bien racontée par Cédric Klapisch dans « L’auberge espagnole »: des centaines de milliers de jeunes qui ont fait et font chaque jour l’apprentissage de l’Europe. Et quel meilleur symbole aussi de ce creuset d’expériences que les dizaines de milliers de familles franco-allemandes, dont la vie et l’histoire épousent aujourd’hui deux, trois et même quatre générations!

La République est un socle de valeurs, une attention de tous les instants, une égalité réelle. Il n’existe pas différentes catégories de Français, les mono-nationaux et puis tous les autres, les binationaux, les Français de loin, un peu moins importants, à qui on aimerait retirer certains droits, compatriotes oubliés ou même rejetés, au-delà des effets de manche d’une campagne électorale que l’on s’empresse d’oublier.

Nicolas Sarkozy leur avait beaucoup promis. On allait voir ce que l’on allait voir. Et on a vu en effet, ou plutôt, on n’a rien vu qui s’inscrive au rang de progrès. Pas loin de 1,5 million de Français vivent à l’étranger et près de 200 000 français dans notre circonscription. Du gouvernement, ils attendaient encouragement, solidarité, protection, volonté européenne. Avec Nicolas Sarkozy, ils n’ont eu pour horizon que le recul de l’action publique, partout, dans tous les domaines.

La droite a passé les Français à l’étranger par pertes et profits. Ici en Allemagne, son bilan, c’est la disparition des activités consulaires à Stuttgart, Düsseldorf, Hambourg et Sarrebruck, villes où vivent pourtant des milliers de compatriotes. C’est la suppression de nombreux emplois dans les autres Consulats. Ce sont des services publics de plus en plus lointains, privés de moyens financiers et humains, exposant à des démarches toujours plus longues, sources de frustration pour les usagers et les personnels, et conduisant à terme à l’effacement du lien citoyen.

Le bilan de la droite, c’est aussi le sacrifice d’une ambition culturelle, avec la fermeture des instituts de Hanovre, Rostock, Fribourg et Sarrebruck. Les villes ont été mises devant le fait accompli. Certaines ont elles-mêmes financé des structures biculturelles pour sauver des bibliothèques ou des ciné-clubs condamnés. Le réseau culturel, une fierté pour notre pays, comme le réseau consulaire, fond comme neige au soleil, sans aucune vision politique.

Par sa politique de cadeaux fiscaux, la droite a creusé les déficits et nous en payons le prix. Nicolas Sarkozy, à l’inverse de Robin des Bois, prend aux pauvres pour donner aux riches. A l’étranger aussi ! L’action sociale consulaire a été sacrifiée. Les frais de scolarité dans les écoles françaises se sont envolés du fait des conséquences financières de la gratuité décidée par le gouvernement pour les seules classes de lycée. Pour que l’école soit gratuite en terminale, seconde et première, il est en somme demandé aux familles de payer plus qu’auparavant dans toutes les autres classes.

La gratuité Sarkozy, c’est finalement comme la suppression de la vignette auto : elle a bien plus profité au conducteur de la Ferrari qu’à celui de la Twingo ! Elle a surtout aidé ceux qui ne demandaient rien, tout simplement parce qu’ils n’en avaient pas besoin, familles aisées avec de gros revenus ou bien dont la scolarité des enfants était payée par l’employeur.
Tout cela alors même que le cadre des bourses à caractère social dans toutes les classes, lui, est toujours plus contraint, plus tatillon et finalement plus décourageant. A l’arrivée, cette politique a rendu l’école française à l’étranger plus chère encore, plus élitiste, plus inaccessible aux catégories populaires.

Ne plus pouvoir payer l’école de ses enfants, craindre de perdre les allocations sociales, voir s’éloigner le service public et finalement ce lien citoyen que l’on veut maintenir pour soi-même et sa famille, voilà la réalité pour tant de Français !

Chers amis, chers compatriotes, une autre politique est possible et nécessaire, à l’inverse des préceptes du libéralisme qui guident Nicolas Sarkozy. Cette politique doit reposer sur la réhabilitation du rôle de l’Etat, la renaissance de l’action publique, le retour de l’intérêt général, l’engagement citoyen européen. C’est le projet du Parti Socialiste et c’est ma feuille de route comme candidat aux élections législatives.

Il faut un moratoire sur la fermeture des Consulats et la suppression des emplois consulaires. Le Consulat, c’est notre Mairie à l’étranger. Imaginerait-on un instant de supprimer la Mairie ou de la vider de ses services au public?

Les emplois consulaires supprimés doivent être rétablis. A Hambourg, Düsseldorf, Stuttgart et Sarrebruck, il faut redonner aux Consulats leur plein exercice de chancellerie détachée. Les tournées consulaires au-delà des grandes villes, sortes de Consulats volants, doivent être développées pour que le service public aille vers l’usager.

Une réflexion avec les Etats de l’Union européenne doit en parallèle être menée pour conduire à la possible dévolution d’activités consulaires dans nos communes de résidence.

Il faut augmenter les crédits consacrés à l’action sociale dans le cadre d’une modernisation du réseau consulaire, mais c’est là aussi le levier européen que la France se doit d’actionner pour étendre à une année complète le droit de conserver les allocations de chômage en s’installant dans un autre Etat et lever également tous les obstacles à la circulation des retraites, notamment complémentaires.

Europe encore, avec le développement du droit européen de la famille, sur le divorce, les garde d’enfants, les obligations alimentaires, le vieillissement, la dépendance et les successions. Europe toujours, avec une avant-garde d’Etats sur la reconnaissance mutuelle des diplômes et aussi sur l’apprentissage, l’enseignement professionnel et la formation permanente, en prenant, pourquoi pas, appui sur le programme franco-allemand en formation professionnelle.

La mission de service public que constitue la mise à disposition pour tous les enfants français à l’étranger des moyens d’acquérir la langue française doit être solennellement affirmée et traduite dans les actes. Ainsi, la gratuité Sarkozy dans les classes de lycée doit être supprimée et remplacée par un programme de bourses sur critères sociaux pour rendre à certains l’enseignement gratuit dans toutes les classes et à moindre coût pour d’autres.

La mission de coopération éducative et de promotion de la diversité culturelle doit rester présente car c’est aussi sur elle que s’appuie le réseau d’enseignement français à l’étranger. Le développement de filières bilingues d’éducation en coopération avec les établissements publics locaux doit être recherché et tendre à une double certification. Les crédits alloués au programme FLAM doivent être augmentés.

Enfin, une réforme de la diplomatie culturelle extérieure de la France devra être menée, qui conduise partout à la fusion des instituts culturels avec l’Institut français et procède aussi à son refinancement. L’ouverture ou la réouverture de certains des instituts fermés en Allemagne pourra être envisagée dans le cadre de la détermination des priorités de la politique culturelle extérieure.

Il faudra par ailleurs revoir profondément la politique universitaire franco-allemande. Il doit être question de contenus, de programmes et de coopération bien plus que de cadre institutionnel et de structures incertaines.

C’est toute la dimension citoyenne des relations franco-allemandes qu’il faut réinventer. Soyons lucides : le couple franco-allemand connaît une crise majeure, dont la cause se trouve autant chez Nicolas Sarkozy qu’Angela Merkel.

S’il est un héritage européen dont nous devons nous réclamer et inspirer, c’est celui de François Mitterrand et de Helmut Kohl. Tous deux avaient compris que le partenariat entre nos deux pays avait pour vocation, au-delà de la réconciliation, de faire avancer l’Europe. Plutôt qu’une relation franco-allemande incertaine dans l’Europe, nous devons bâtir une relation franco-allemande forte pour l’Europe, qui soit un moteur, une énergie, un gage de cohérence politique.

Chers amis, ce programme ambitieux, juste et solidaire, nous le mènerons à bien, à condition de convaincre, à l’élection présidentielle, puis aux élections législatives. C’est un choix de société et c’est de la politique. Cela, la droite à l’étranger, elle n’aime pas. Elle voudrait que nous soyons tous d’accord tant elle trouve la politique vulgaire. J’observe d’ailleurs que mes propres écrits inspirent certains en face. C’est donc dire que le vide de leurs idées comme de leur bilan après toutes ces années gaspillées oblige à picorer ailleurs.

La France a besoin des socialistes et de la gauche, les Français à l’étranger ont besoin des socialistes et de la gauche, pour changer, pour construire chez nous, dans la communauté nationale, un rêve qui soit fédérateur de toutes les énergies, de toutes les générosités que notre peuple porte en lui.

L’avenir, c’est avec un Parti Socialiste fort que nous allons l’écrire, un Parti Socialiste au cœur d’une dynamique de gauche, un Parti Socialiste rassembleur. Cet avenir, nous allons le bâtir en gagnant l’élection présidentielle de 2012 et en gagnant ici, le siège de député !

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