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L’argent des uns, la peine des autres

Le Président de la République nous l’assuré lundi soir : il n’est pas un homme d’argent. Sinon, a-t-il ajouté, il n’aurait pas fait ce métier ! Le mélange des genres continuel depuis mai 2007, les peu discrètes soirées parisiennes avec les riches donateurs de l’UMP (et le futur ex-trésorier Eric Woerth…), les conflits d’intérêts un peu partout, les largesses concédées à tel ou tel lobby puissant et généreux, rien de cela ne le gêne. Il modernise le pays, soutient-il. Et il ne déviera pas de sa route.

Face aux déficits, pas d’augmentation des impôts, pas de réforme du bouclier fiscal. Tant pis pour celles et ceux qui pensent que le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans est une criante injustice. Tant pis aussi pour les jeunes, les plus démunis et les classes moyennes qui vont payer au prix fort l’austérité budgétaire de l’Etat UMP, conséquence d’un échec économique et politique consommé.

Nicolas Sarkozy a décidé qu’il faudrait économiser au bas mot 4 milliards d’Euros d’aides sociales, d’allocations et de subventions. Les coupes concerneront notamment les aides au logement, l’emploi à domicile, les emplois aidés et les allocations aux handicapés. L’aide personnalisée au logement ne pourra plus être cumulée avec la demi-part fiscale pour enfant à charge. La part de l’Etat dans le financement des emplois aidés sera baissée et le nombre total de ces emplois réduit de 400 000 à 340 000. La déduction de l’impôt des intérêts d’un crédit immobilier est menacée.

Le pire est encore à venir, lorsque les détails du projet de budget pour 2011 seront présentés à la rentrée. C’est par dizaine de milliers que les postes de fonctionnaire seront sacrifiés, au prix d’un recul inédit des effectifs de la fonction publique. Comme d’habitude, le Ministère des Affaires Etrangères trinquera et nous en mesurerons toutes les conséquences pour le service public consulaire.

Comment peut-on caractériser une ligne qui, en temps de crise économique, s’en prend aux mécanismes de soutien aux plus humbles et finalement à la consommation sinon par la seule volonté de faire la politique de son électorat ? Les ménages les plus aisés peuvent en effet dormir sur leurs deux oreilles. On a bien pensé à eux. Quelle est la cohérence entre les nécessaires engagements du Grenelle de l’Environnement et l’ambition de la droite de faire dès cet automne un sort au crédit d’impôt développement durable, menaçant entre autres les investissements en matière d’isolation thermique et de pompe à chaleur?

Il est indélicat, à tout le moins, d’afficher la volonté de développer l’emploi dans toutes les technologies vertes lorsque l’on met l’action publique à la diète budgétaire sur ces mêmes sujets? Plus encore que les années précédentes, le budget qui s’annonce échouera à mettre notre pays en mouvement, à créer de la richesse pour tous, à placer la France en pointe dans la lutte pour le développement durable.

Nicolas Sarkozy voudrait nous arracher des larmes sur le sort de ses amis qui, assurait-il lundi soir, payaient 100% d’impôts avant son arrivée. La France, c’était dur pour eux… Avec lui à l’Elysée, ils vivent mieux, c’est vrai. Et ils continuent cependant de filer en rangs serrés vers les paradis fiscaux proches ou lointains. De cela, il n’est curieusement jamais question. Motus et bouche cousue. Et si le bouclier fiscal était un échec sur ce plan-là aussi ? Efficacité zéro et injustice maximale !

La différence entre Nicolas Sarkozy et tant d’entre nous, c’est que les 30 millions d’Euros de restitution fiscale à Liliane Bétencourt et les 176 millions d’Euros de son jet présidentiel lui importent tellement plus que le logement difficile des étudiants ou la pollution des nappes phréatiques par l’agriculture intensive.

Avec lui, nous explorons par procuration le monde des happy fews. C’est l’argent des uns et la peine des autres. Il a choisi son camp.

Nous avons choisi le nôtre, celui du retour de l’action publique et de la réhabilitation de l’intérêt général.

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