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Les comptes et mécomptes du candidat Sarkozy

Selon la définition donnée hier depuis Pékin par Nicolas Sarkozy, il n’y aurait rigueur ou austérité que si les pensions de retraites et les minimas sociaux étaient réduits. Scène surréaliste que celle d’un Président de la République pas trop dans son assiette, justifiant péniblement avec le drapeau chinois en arrière-plan le tour de vis qu’il impose à certaines catégories de Français plutôt qu’à d’autres. Car ces précautions sémantiques sur la rigueur sont indécentes : le train de mesures annoncées par François Fillon va frapper les catégories populaires et les classes moyennes bien plus que les riches amis du pouvoir. Le relèvement de la taxe sur les mutuelles complémentaires santé, censé rapporter 1,1 milliard d’Euros à l’Etat, risque ainsi de conduire nombre de compatriotes pour qui chaque Euro compte à réduire leur niveau d’assurance santé. Ce n’est pas de l’austérité, cela ? Et une criante injustice aussi ?

Nicolas Sarkozy et le très empressé Jean-François Copé nous vantent à l’envi la taxation des très hauts revenus comme l’exemple même du souci de justice à droite. Mais de qui se moque-t-on ? Cette taxe de 3% sur les revenus supérieurs à 500 000 Euros rapportera au plus 200 millions d’Euros là où l’allègement de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) voté en juillet dernier coûte à l’Etat 2 milliards d’Euros ! Il faut vraiment prendre les Français pour des imbéciles pour tenter de leur faire avaler pareil bobard. Pendant ce temps-là, il n’est bien sûr nullement question de revenir sur la fameuse niche Copé exonérant les plus-values de ventes des filiales de holdings, qui a coûté plus de 22 milliards d’Euros à l’Etat sur 3 ans. On ne s’interroge pas non plus sur ces emplois supplémentaires qui n’ont jamais été créés et ces prix qui n’ont jamais baissé dans la restauration lorsque la TVA y a été réduite, pour un coût de 2,5 milliards d’Euros.

Ce plan d’austérité, outre qu’il fait mal aux millions de Français qui souffrent déjà, est un assemblage sans queue ni tête de mesures qui ne relanceront pas la croissance française à l’arrêt. La France finira l’année avec 1% de croissance tout au plus. Et sans croissance, pas de rentrées fiscales. La hausse du chômage ces derniers mois signe l’échec de la politique du gouvernement. L’explosion des inégalités aussi. Songeons, pour rester sur la politique fiscale, que 62% des réductions d’impôts rendues possibles par les multiples niches créées par la droite bénéficient aux 10% des foyers les plus aisés ! Cela dit tout. Pendant ce temps-là, aller voir Mickey à Eurodisney coûtera plus cher car le gouvernement a tenu à gratter 90 malheureux millions d’Euros en augmentant la TVA sur les billets d’entrée dans les parcs d’attraction… Et Raffarin hurle depuis le Poitou car l’entrée à son Futuroscope coûtera plus cher. Tout cela est lamentable au regard des enjeux.

Oui, notre pays a besoin d’une gestion rigoureuse de ses finances publiques, parties à vau-l’eau pour les raisons que l’on sait depuis 2007. La rigueur peut cependant se conjuguer avec la justice et l’efficacité économique. Cela commande de réduire très fortement les niches fiscales inutiles au bénéfice des privilégiés et du capital, et d’engager une réforme fiscale rétablissant la progressivité de l’impôt sapée consciencieusement par Nicolas Sarkozy et l’UMP. Cela peut rapporter une cinquantaine de milliards d’Euros. Il est possible de ramener le déficit des comptes publics à 3% du PIB dès 2013 par ces mesures justes, sans forcer les parlementaires à enfiler leur robe de bure pour aller, corde au cou, tels les Bourgeois de Calais, voter la « règle d’or » en rangs serrés en Congrès à Versailles. Il faut à la droite une bonne louche de culot pour exiger de l’opposition qu’elle accepte la mutualisation de l’échec de sa politique économique.

En ces temps difficiles pour notre pays et pour les Français, l’on voudrait que le Président de la République soit à la hauteur des circonstances. Par les mesures proposées et le refus de tout médiocre calcul politique. Il ne l’est pas. Le Président est candidat. Il n’a d’ailleurs jamais cessé de l’être. Tout est compte, ou plutôt mécompte. Pas de baisse des minimas sociaux, disait-il hier, pour refuser le qualificatif d’austérité à 15 000 kilomètres de Paris. Qu’il vienne donc à l’étranger parler aux allocataires des CCPAS dont le montant des allocations a été réduit !

La politique, c’est du courage, de la justice, de la proximité, de la vérité. Nous n’avons rien de cela. A nous tous, Français que cette souffrance et ce spectacle affligent, de saisir le bulletin de vote au printemps 2012 pour y mettre fin et écrire un autre chapitre de l’histoire de notre pays.

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