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Obligation de résultat

Rares sont les gouvernements dans nos démocraties européennes qui gagnent les élections intermédiaires. Ce fut, en France, le cas des gouvernements de droite sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy comme aussi, en Allemagne, celui d’Angela Merkel, qui perdit en 2012 sa majorité au Bundesrat en raison d’une succession de défaites aux élections régionales. Pour autant, s’il existait une échelle de Richter des échecs électoraux, celui encaissé par la majorité aux élections municipales des 23 et 30 mars figurerait au rang des secousses proches du « big one ». Davantage qu’une défaite, c’est bien une déroute qu’a subi le Parti Socialiste avec la perte de quelque 170 villes de plus de 9 000 habitants. Cet échec est douloureux pour ceux, dont je suis, qui défendaient fidèlement depuis près de deux ans la politique du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et ne lui avaient jamais manqué.

Qu’ont sanctionné nos compatriotes dans les urnes ? L’absence – à ce stade – de résultats dans la lutte contre le chômage. La pire et plus insupportable des inégalités, c’est de ne pas avoir de job. Un espoir avait été levé au printemps 2012 qui, faute d’explications claires et courageuses à notre arrivée aux responsabilités, tant sur l’état de délabrement de l’économie française que nous avions trouvé que sur la profondeur des efforts mis en oeuvre pour redresser notre pays, s’est d’abord mué en déception, puis en colère. Non que la vérité ait été cachée, mais les explications complexes ou de court terme n’en sont finalement pas quand la crise frappe de plein fouet et qu’une société toute entière s’interroge avec angoisse sur son avenir. Promettre imprudemment le renversement de la courbe du chômage pour la fin 2013 aura été une erreur dans ce contexte.

Il faut parler vrai. Un pays qui perd près d’un million d’emplois industriels en 12 ans et accuse un déficit abyssal et inédit de sa balance commerciale est menacé de glissade imminente. Oui, l’on voudrait pouvoir relancer par la consommation et enclencher ainsi un cercle vertueux, mais l’état de nos finances publiques, en plus de celui de notre économie, ne nous le permet plus. Et comme l’arme de la dévaluation a disparu avec l’arrivée de l’Euro, toute politique de la demande pratiquée dans notre seul pays est condamnée à l’échec. C’est donc sur le coût du travail qu’il faut agir sans attendre pour reconstituer les marges historiquement faibles des entreprises françaises, relancer l’investissement et donc l’emploi. C’est la montée en gamme de l’offre française et sa valeur ajoutée par rapport à la concurrence internationale qu’il faut favoriser par le biais d’une politique industrielle qui dit enfin son nom.

Autant d’initiatives prises par le gouvernement depuis le second semestre 2012, sans toutefois parvenir à mettre les réformes en cohérence, à expliquer où va la France, à présenter la marge de manœuvre et l’échéancier, à dire comment l’effort est partagé. La fiscalité a augmenté pour nombre de Français afin de faire face aux déficits hérités du mandat écoulé, sans que cela n’entraine cependant de retour immédiat en termes d’emplois. Ceci nous a été vivement reproché. Un rendez-vous attendait le gouvernement de Jean-Marc Ayrault en ce début avril : la présentation du pacte de responsabilité. C’est désormais le gouvernement de Manuel Valls qui l’honorera, réalisera les 50 milliards d’Euros d’économies sur le budget de la puissance publique pour réduire le coût du travail. Le rebond de notre pays en dépend.

D’autres chantiers devront aussi être conduits, qui tiennent à la justice sociale et au pouvoir d’achat. La réforme fiscale promise en 2012 doit être mise en œuvre pour simplifier l’imposition en France et rendre du pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires. La transition énergétique, plus que jamais au cœur de notre mandature, doit trouver sa concrétisation législative et réglementaire tant l’urgence est là pour le climat et pour l’emploi. Ce sont des filières industrielles à promouvoir, notamment avec nos amis allemands, et des emplois par milliers à créer. Je me réjouis que ce soit Ségolène Royal, dont une large part du bilan en Poitou-Charentes repose sur le progrès écologique et social, qui reprenne ce portefeuille dans le gouvernement de Manuel Valls.

La France est à la croisée des chemins. Beaucoup se joue maintenant. Rarement sans doute s’est-il trouvé dans l’histoire un gouvernement avec pareille obligation de résultat. Où sera la France en 2017, lorsque s’achèvera la mandature ? Haut, si la majorité sait se rassembler derrière le gouvernement pour l’exécution du pacte de responsabilité, de la réforme fiscale et de la transition énergétique. C’est l’honneur de la gauche dans l’exercice du pouvoir de prendre à bras le corps toute la difficulté des mutations nécessaires, après tant et tant d’années de renoncements. Mardi prochain à l’Assemblée nationale, je voterai la confiance, fièrement et solidement, au gouvernement de Manuel Valls, au gouvernement de la République pour mener cette mission à bien et relever ainsi notre pays.

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