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Oui au défilé, non à la xénophobie !

Eva Joly, candidate d’Europe Ecologie Les Verts à l’élection présidentielle, a proposé hier de supprimer le défilé militaire du 14 juillet et de le remplacer par un défilé civil. Ce n’est pas en soi une proposition nouvelle de la famille écologiste. Cela fait en effet un moment que les Verts demandent que le défilé militaire le jour de notre fête nationale prenne fin. Je respecte cette proposition, mais je ne la partage pas.

Je crois que le défilé du 14 juillet est un moment privilégié de rencontre entre les Français et leur armée, un hommage à son rôle de défense de notre liberté et de notre territoire comme aussi une découverte de ses nouvelles missions dans les opérations internationales de maintien de la paix. Je crois précieux ce regard citoyen sur l’armée française, notamment parce qu’il est une garantie démocratique. Saluer le rôle de l’armée et de ses soldats, c’est en effet pouvoir interroger le gouvernement sur le bien-fondé de certaines missions qui s’enlisent, comme en Afghanistan.

L’on peut exprimer un désaccord avec la proposition d’Europe Ecologie Les Verts et offrir un contre-argument sans vouer Eva Joly à une quelconque indignité nationale. J’ai été sidéré par la violence et la xénophobie des propos de l’UMP, à commencer par ceux du Premier Ministre François Fillon, sur les origines d’Eva Joly et sa binationalité. Il faut appeler un chat un chat : la droite a un problème avec les Français d’origine étrangère, à qui elle accole une présomption de moindre patriotisme. L’obsession de la binationalité qui sévit dans les rangs de l’UMP depuis plusieurs mois est indigne. Il n’y avait pas grande différence entre ce que dit Marine Le Pen et les propos hier des députés UMP Guy Teissier sur « l’anti-France » et Lionel Tardi recommandant à Eva Joly de retourner en Norvège.

Aux binationaux, cela veut dire en gros : on vous tolère, mais ne vous piquez pas d’entrer dans le débat politique, plus encore d’y jouer un rôle. Drôle d’idée du principe d’égalité au cœur de la République… N’est-ce pas au contraire la meilleure nouvelle pour la France, creuset d’histoires et d’itinéraires, qu’une femme née étrangère, devenue française, puisse aujourd’hui se présenter à la Présidence de la République ? Le pays que j’aime, c’est celui qui encourage de tels parcours et qui s’en réjouit. Un pays où le meilleur est possible d’où que l’on vienne, tout simplement parce que, citoyens, nous sommes égaux en droits et devoirs.

C’est Jaurès qui, dans « L’Armée nouvelle », exprimait le mieux le lien entre la patrie et l’internationalisme. Il écrivait : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène“. Il n’y a rien qui soit plus juste ni plus beau.
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