Passer au contenu

Périple en Autriche (25-27 février 2015)

J’ai effectué les 25-27 février derniers un voyage en Autriche, qui m’a conduit à Vienne, Salzbourg et Innsbruck. La communauté française en Autriche compte exactement 8 796 personnes dûment immatriculées sur le registre des Français de l’étranger. Sa taille a crû de 50% au cours des dix dernières années. C’est une communauté jeune. Presque la moitié des Français en Autriche ont en effet moins de 25 ans. La communauté se répartit pour moitié à Vienne et dans le reste du pays. A Vienne, j’ai été reçu par l’Ambassadeur Pascal Teixeira da Silva, qui a succédé l’été dernier à Stéphane Gompertz. J’ai rencontré l’équipe du Consulat général de France, dirigée par la Consule Lise Mérigaud. Deux éléments ont attiré mon attention, sur lesquels je saisirai cette semaine le Secrétaire d’Etat aux Français de l’étranger Matthias Felkl. Le premier est la disparition du pôle consulaire régional de Vienne le 1er mars, qui centralisait depuis 2009 un certain nombre de tâches pour les services consulaires français en Hongrie, République tchèque et Slovaquie. Cette fermeture, dont le gouvernement ne m’avait pas informé, ne semble pas devoir faire l’objet d’un bilan. J’estime que ce bilan sous forme de retour d’expérience s’impose et le demanderai au Ministre. J’ai été surpris par ailleurs que le Consulat ne soit toujours pas équipé de la valise Itinera, que j’avais demandée pour Vienne l’an passé à la Ministre Fleur Pellerin. Ce matériel faciliterait grandement l’organisation et le déroulement des tournées consulaires dans le pays. Je le ferai savoir à Matthias Fekl.

J’ai visité le Lycée français de Vienne, accueilli avec plaisir par la Proviseure Brigitte Peytier et ses collaborateurs. J’y ai également rencontré les représentants du personnel. Je me félicite que 10 salles de classe soient en construction, pour ouverture à la rentrée scolaire 2016. Cela permettra de ramener au Lycée les classes de CP et CE1 actuellement hébergées à l’antenne de Grinzing. L’ouverture de ces nouvelles classes coïncidera avec la livraison des travaux de rénovation du Studio Molière. J’ai également été informé de l’aménagement à venir d’un gymnase semi-enterré dans une vaste salle peu utilisée du Lycée. Au-delà de ces bonnes nouvelles, des éléments d’inquiétude ont été portés à mon attention, que je prends volontiers en compte. Le premier est l’érosion des effectifs pour la troisième année consécutive. L’établissement, qui compte 1 880 élèves, a perdu en effet 70 élèves au cours des 3 années écoulées, essentiellement en classes maternelles. Il faut y voir la conséquence de la concurrence des autres écoles, autrichiennes et internationales, ainsi que des Kindergarten viennois, qui sont gratuits. La réforme du régime des bourses scolaires introduite en 2013 a aussi eu des effets négatifs, réduisant les quotités offertes aux familles, notamment monoparentales, et conduisant une part d’entre elles malheureusement à déscolariser leurs enfants.

L’avenir du Lycée français de Vienne doit être une priorité pour notre pays. Beaucoup repose sur lui, tant pour la scolarisation des enfants français que pour l’outil de coopération culturelle et d’influence qu’il constitue. Ne faut-il pas, pour renverser la baisse des effectifs en maternelle, mettre en place une classe d’intégration pour y faire entrer des enfants non-francophones ? Cela implique en tout état de cause de lutter contre le désengagement de l’Etat, sensible ces dernières années. Je souhaite aussi que le combat soit mené pour pérenniser la classe préparatoire aux grandes écoles commerciales, qui obtient d’excellents résultats, plaçant l’an passé 100% de ses élèves dans le top 15 de ces écoles. La classe préparatoire du Lycée de Vienne a été classée 16ème sur 150 par le magazine « L’étudiant ». C’est un succès qu’il convient de faire connaître et soutenir. De cela, je parlerai aussi dès cette semaine au Ministre Matthias Fekl. Enfin, et le sujet est brûlant, l’incertitude quant au devenir du Palais Clam-Gallas, qui abrite l’Institut français de Vienne, sur la même emprise que le Lycée, soulève de nombreuses et légitimes questions dans la communauté scolaire.

Je me suis rendu au Palais Clam-Gallas, rencontrant les personnels et y tenant ma permanence. Je remercie le directeur et conseiller culturel pour son hospitalité. Sur l’avenir du Palais Clam-Gallas, ma position n’a pas changé. Le Palais est pour beaucoup de Viennois, qu’ils soient autrichiens ou français, la vitrine, le symbole de notre pays. Je regrette que l’idée d’un regroupement dans le Palais des multiples services de l’Etat et des deux Ambassades multilatérales, épars dans Vienne, n’ait pas été précisément considérée. J’avais défendu cette idée l’an passé (lire ici) et j’en reste partisan. Le succès de l’Institut et de ses cours dépend largement de la présence à proximité du Palais, dans le 9ème arrondissement de Vienne, d’une population jeune et étudiante. Qu’en sera-t-il si l’Institut déménageait ailleurs dans Vienne ? Cette population suivra-t-elle le mouvement ? Rien n’est moins sûr. J’entends que l’Etat doive se désendetter par la vente de certains de ses biens à l’étranger, mais faut-il prendre le risque, ce faisant, d’une chute du nombre d’apprenants dans les cours, qui pourrait fragiliser l’Institut lui-même ? Il est clair que les cours de français et la certification DELF/DALF sont critiques pour l’avenir de l’Institut français. Je voudrais imaginer qu’une vaste réflexion prenne corps sur l’intérêt, pour l’Institut français et par extension pour le Lycée français, d’un maintien du Palais Clam-Gallas, en parallèle du travail engagé par l’Etat pour sa vente. J’en parlerai ce mardi soir au Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius à Paris.

A Vienne, j’ai tenu une réunion publique de compte-rendu de mandat au Lycée. J’ai rencontré aussi Jean-Baptiste Agnès, le Président de l’association d’animation enfantine créée il y a tout juste 2 ans et qui compte aujourd’hui le nombre impressionnant de 170 enfants inscrits à ses activités, dont 75 aux cours dispensés en 3 niveaux (petits, moyens et grands). L’association reçoit pour ses activités une subvention bien méritée de 2 000 Euros au titre du programme Français Langue Maternelle (FLAM). Je me suis rendu à l’Agence des Droits fondamentaux de l’Union européenne, située à proximité de l’Ambassade de France. L’agence, ouverte en 2007, effectue un travail précieux et trop méconnu d’expertise sur les questions de droits de l’homme au bénéfice des institutions européennes et des Etats membres de l’Union. Elle compte aujourd’hui près de 100 collaborateurs et travaille avec un budget annuel de 22 millions d’Euros. Les thèmes abordés lors de ma visite étaient la coopération entre l’agence et le Conseil de l’Europe ainsi que les programmes de l’agence concernant les droits de l’enfant, sujet qui me tient à cœur et que je porte au sein de la Commission des Affaires juridiques de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.

Salzbourg aura été la seconde étape de mon voyage en Autriche. A Salzbourg, j’ai rencontré le Consul honoraire Peter Lechenauer. 300 Français vivent à et autour de Salzbourg. La ville concentre aussi une belle présence estudiantine via le programme Erasmus. Chaque année, pas moins de 50 000 touristes français visitent cette ville magnifique, connue notamment pour Wolfgang Amadeus Mozart, qui y naquit. J’ai eu le privilège et l’émotion de découvrir les archives originales de Mozart en compagnie du professeur Geneviève Geffray, ancienne conservatrice du Mozarteum. La passion de Madame Geffray, qui a consacré sa vie à Mozart et traduit son œuvre en français (7 tomes et 14 années de travail) m’a beaucoup touché et impressionné. Je me suis rendu aussi à l’Université, rencontrant les enseignants et étudiants du département de Romanistik pour un moment très agréable de convivialité. J’ai fait également avec plaisir la connaissance de Michèle Trapp, qui anime l’association « Cultures francophones ». J’ai tenu une permanence et une réunion de compte-rendu de mandat au restaurant Sternbraü avant de poursuivre la route en direction d’Innsbrück.

A Innsbrück, j’ai été accueilli par Christophe de Winter, le directeur de l’Institut français. J’ai également rencontré Béatrice Gaigg, une compatriote, enseignante de français, qui, avec l’aide du Consul honoraire Franz Pegger, met sur pied une association franco-autrichienne. Innsbrück est loin de Vienne et rien n’est plus utile qu’une telle association pour rassembler les Français et les francophiles du Tyrol. Innsbrück, par son université, est une ville d’une incroyable jeunesse. Sur ses 120 000 habitants, 30 000 sont des étudiants ! Et parmi ceux-ci figurent beaucoup de jeunes Français, attirés notamment par les cursus proposés en botanique, informatique et bien sûr en allemand. C’est ce que m’a appris Ludovic Milot, jeune Français installé en Autriche depuis plusieurs années et travaillant pour le pôle international de cette université. J’ai tenu une permanence et une réunion publique de compte-rendu de mandat au grand café Katzung. Je suis passé aussi aux halles de la ville saluer deux compatriotes finistériens qui viennent d’y ouvrir une très jolie crêperie nommée « Culture Breizh ». Le Tyrol comme le Land voisin du Vorarlberg possède une expérience reconnue dans le domaine des maisons passives, que visitent 30 000 touristes français par an. Cette expérience est à mieux faire connaître dans notre pays, surtout dans la mise en place de la transition énergétique. A Innsbrück, j’ai rencontré l’ancien Consul honoraire de France Ivo Greiter, qui m’a remis le livre de souvenirs qu’il avait édité au moment de transmettre sa charge à son successeur. Je serai de retour à Innsbrück le 15 juillet, voulant marquer symboliquement par ma présence la création de l’association franco-autrichienne et la célébration, décalée d’un jour, de notre fête nationale.

Je ferai dans la seconde partie de l’année un autre déplacement en Autriche, cette fois à Graz et à Klagenfurt.

Laisser un commentaire