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Retour à Remscheid

C’est l’histoire d’une amitié qui dure depuis bientôt 43 ans. Deux villes, Quimper et Remscheid, séparées par 1 081 kilomètres. 1 081 kilomètres de la Cornouaille au Bergisches Land, couverts des centaines de fois par des bus, des autos, des vélos et même des coureurs à pied. C’est à la fin des années 1960, à la faveur d’échanges entre le Gertrud Baümer Gymnasium de Remscheid et le Lycée La Tour d’Auvergne de Quimper, que sont nés les premiers liens entre les deux villes. Et c’est en 1971 que les deux maires, Léon Goraguer pour Quimper et Willy Hartkopf, signèrent en grande pompe la charte de jumelage. Même l’évêque de Quimper y alla de son sermon « auf deutsch » à la cathédrale Saint-Corentin.  

Je me souviens de cette époque. Je n’étais certes pas bien vieux, mais j’étais intrigué par les conversations qui, à la maison ou en ville, roulaient toutes autour de « Remschède » et des réjouissances annoncées par l’arrivée de nos nouveaux amis allemands. Je n’y comprenais pas grand-chose, mais je me doutais que l’évènement serait heureux. Et de fait, pour les Quimpérois, jeunes et moins jeunes, notre ville jumelle devint vite partie de notre paysage amical. J’attendais chaque année l’arrivée des Allemands dans mon collège au printemps. J’ai le souvenir de parties de foot homériques et de dialogues balbutiants dans la langue de l’autre. De ces échanges, il me reste aujourd’hui de belles et fortes amitiés.

Le temps a passé. Samedi dernier, après la journée portes ouvertes au Lycée Français de Düsseldorf, j’ai eu envie de retrouver Remscheid. Sous la pluie, j’ai parcouru, heureux, la cinquantaine de kilomètres, passant par Wuppertal avec un regard pour son étrange métro suspendu. J’avais rendez-vous devant le Teo-Otto Theater avec Hans-Jürgen Rühl, le président du comité de jumelage allemand. Hans-Jürgen, prestement renommé « Jean-Georges » par les Quimpérois, est un personnage, une légende de l’amitié entre les deux villes. Il a plus d’une quarantaine de voyages à Quimper à son actif. Jean-Georges m’attendait avec Claudia Nast, la trésorière, protégée par un magnifique parapluie « gwenn ha du » qu’aucun Breton n’aurait manqué.

Nous avons échangé nos souvenirs avec bonheur. Nous avons évoqué les grandes heures et les grandes figures de ces 43 premières années. Et nous avons aussi parlé d’avenir. Sans doute la nouvelle génération en France comme en Allemagne est-elle moins sensible que nous ne l’étions au romantisme de la réconciliation et de cette amitié qui, au regard des tragédies du XXème siècle, n’allait pas de soi. Mais cette génération attend de nous, militants associatifs et élus, des espoirs et des réponses concrètes sur les études, l’accès à l’emploi, la vie dans un autre pays. Maîtriser la langue du partenaire, c’est s’ouvrir un horizon professionnel et se donner toutes les chances. Pour cette génération, Quimper et Remscheid sont des portes d’entrée vers l’avenir.

Sans Remscheid, sans ces rencontres au temps de l’adolescence, sans Robert Martin – mon professeur d’allemand qui, au collège, sut me faire aimer l’Allemagne et les Allemands – mon parcours n’aurait pas été celui d’aujourd’hui. L’on ne dira jamais assez merci à ces bénévoles passionnés qui donnent ou donnèrent de leur temps pour faire vivre la relation franco-allemande. Leur enthousiasme et leur volonté portent loin. Derrière la Léon-Goraguer-Platz à Remscheid et l’espace Willy-Hartkopf à Quimper, ce sont eux qu’on honore. J’ai repris la route, non sans avoir adhéré à l’association Remscheid-Quimper. Je le devais bien. Je reviendrai vite. Longue vie à Quimper et Remscheid ensemble !

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