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Un week-end en campagne

Entre Frankenthal vendredi soir et Francfort hier après-midi en passant par Heidelberg samedi, j’ai vécu un week-end en campagne. Sur le terrain, au contact et à l’écoute de nos compatriotes comme aussi de nos amis allemands. Le printemps électoral n’est plus si loin et j’ai ressenti auprès de chacun la volonté de changement. Il y a l’image abimée de notre pays. Il y a le décalage entre la vacuité des promesses et la dureté des actes. Il y a le service public qui fout le camp. Plus de sous pour un courrier aux Français d’Allemagne pour l’inscription sur la liste électorale ! Plus beaucoup de sous non plus pour poursuivre les tournées consulaires au-delà des grandes villes. Un triste sentiment d’abandon fait son chemin. Il suscite l’abattement, mais aussi la colère.

Il faut que cela change fort, voilà l’essence même des messages qui m’ont été adressés ce week-end. Que ferez-vous ? Serez-vous à la hauteur ? Avec quel budget et quelles ressources ? Partout, j’ai présenté mon projet, notre projet : la reconquête du lien citoyen par le retour de la puissance publique à l’étranger. Stop aux politiques en peau de chagrin. Moratoire sur la suppression des emplois consulaires et évaluation des besoins par les usagers, pas par une mission lointaine et parisienne qui connaît déjà les conclusions de son rapport avant d’en écrire la première ligne. Le Consulat, c’est notre Mairie à l’étranger. La rationalisation de l’outil consulaire ne doit pas être l’alibi de sa liquidation. Vouloir des moyens pour le service public, ce n’est pas blasphématoire, c’est parler d’avenir sérieusement.

L’Europe, vous y croyez encore, vous ? Autre question récurrente, qui traduit le désarroi face à la crise qui avance. Oui, j’y crois, mais à condition que cette Europe fasse le choix des solutions fédérales, depuis le gouvernement économique jusqu’aux euro-obligations. Parce que nous sommes à la croisée des chemins. L’Europe des rustines, qui se réunit toutes les 3 semaines à Bruxelles pour rajouter un énième plan inapplicable en réponse à un avenir qu’elle refuse de maîtriser, cette Europe-là a fait son temps. Elle s’est perdue, au point même de juger normal de supprimer l’aide alimentaire aux plus démunis alors que la précarité frappe comme jamais encore ! Dans quel monde de fous sommes-nous ? L’Europe des égoïsmes nationaux, des petits calculs électoraux, de la grisaille revendiquée et du baratin assumé, nous devons y mettre un terme.

Je crois à l’Europe des solutions et des solidarités concrètes. C’est par là que la confiance renaîtra. S’il n’est pas possible d’agir à 27, si la Commission européenne, sapée par la gestion lénifiante de Barroso, ne fait plus montre de courage, c’est à quelques Etats de prendre leurs responsabilités. Et à certains parlementaires de les aiguillonner. Je me verrais bien dans ce rôle. Comment ? En consacrant mon mandat à l’élaboration d’une législation franco-allemande sur les questions essentielles du droit de la famille, qui fasse môle pour un noyau dur européen. Il existe un régime matrimonial franco-allemand, en date du début 2010, mais la droite ne l’a toujours pas fait ratifier par le Parlement… Il faut agir sur le divorce, les gardes d’enfants, les enlèvements, les obligations alimentaires, la tutelle sur les majeurs incapables et les successions.

Et il y a la culture, qui nous unit, Français, Allemands, Européens. Hier après-midi, ce sont plusieurs centaines de personnes qui se pressaient à la bourse aux livres organisée par Français du Monde – ADFE à Francfort. Là où, il y a juste quelques années, le gouvernement français supprimait l’Institut culturel… Quel meilleur symbole de résistance au sacrifice d’une ambition culturelle que cette organisation mise en place par des bénévoles et qui, année après année, voit son succès s’accroître. Bravo à Anne Henry-Werner et à toute son équipe !

En 2012, il faudra remettre les compteurs à zéro et repenser totalement le projet culturel de la France en Europe. La diplomatie culturelle, cela a un sens. A deux ans du cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée, la France doit présenter un projet pérenne et ambitieux pour son action culturelle en Allemagne. La droite y a renoncé. Nous le ferons.

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