Passer au contenu

Nous tous, libres et égaux en droit !

Matin d’élection à Hattonchatel (Meuse)

Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle sont connus. Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront au second tour, dans un match que nous aurions tort de voir ou de vivre comme une revanche. Le monde a changé et notre pays avec lui. 2017, c’était il y a beaucoup plus que 5 ans, presque une éternité. Il y a eu la pandémie et la crise économique. Il y a désormais la guerre. Le monde est plus incertain, plus dangereux chaque jour. Face à cela, la France et l’Europe ont réagi. Le « quoi qu’il en coûte » a fait passer l’endettement de notre pays de 100% à 120% du PIB, mais il a surtout sauvé des millions de personnes et de familles d’un désastre social et humain absolu. En ces temps où le procès en « ultra-libéralisme » ou « mondialisme » est volontiers dressé, cette décision prise par le Président Emmanuel Macron, assumée par lui devant les Français et les Européens, sans aucun précédent dans l’histoire récente de notre pays, vaut toutes les réponses aux critiques entendues ici et là sur le déficit social prêté au quinquennat qui s’achève. La République a été pleinement au rendez-vous. Il n’est jamais inutile de le rappeler, et en ce soir de premier tour de l’élection présidentielle encore davantage. 

2017 n’est en effet pas 2022. Les résultats du premier tour nous l’apprennent. Marine Le Pen peut gagner au second tour le 24 avril. Le pire est possible. Autant nommer les choses plutôt que d’habiller d’inutiles pudeurs la vaine sémantique des soirs d’élection, selon laquelle chacun a toujours plus ou moins gagné. La vérité est que jamais l’extrême-droite n’a été aussi proche de conquérir le pouvoir. Marine Le Pen n’est pas Jean-Marie Le Pen, c’est vrai. Mais son image, opportunément adoucie, ne doit pas faire illusion. Le Rassemblement National n’est guère autre chose que le Front National ripoliné, une génération après. Derrière l’expression de campagne sur le pouvoir d’achat, l’examen du projet présidentiel de Marine Le Pen révèle en réalité les mêmes choix que ceux de son père durant des décennies : le rejet systématique de l’étranger, la xénophobie au cœur de toutes les politiques publiques et le combat assumé contre le principe constitutionnel d’égalité. Quelle sera en effet la première mesure annoncée par Marine Le Pen si elle est élue le 24 avril ? Pas une mesure sur le pouvoir d’achat ou sur le prix de l’énergie, non : un référendum sur l’immigration et l’identité nationale pour inscrire la discrimination dans la Constitution de notre pays.

L’égalité est une passion française. Elle nous vient de la Révolution de 1789, des Lumières, de tant de combats glorieux menés passionnément au nom de l’universalité. Libres et égaux en droit, nous ne le serons plus puisque la « priorité nationale » aura effacé par référendum les droits inaliénables et sacrés de chaque être humain, « sans distinction de race, de religion et de croyance », comme le proclame le préambule de la Constitution de 1946. C’en sera fini de l’égalité d’accès à l’emploi, aux services publics, à la santé, aux droits sociaux, à l’école publique. La rupture avec les principes démocratiques de la République sera immense. Peut-on laisser la haine de l’autre s’écrire demain dans notre loi fondamentale ? Peut-on accepter la mise au ban de l’Union européenne que la discrimination entrainera pour la France ? Ne pas appliquer le droit européen, refuser l’accès aux prestations sociales, écarter les jugements de la Cour européenne des droits de l’homme, rétablir la peine de mort, quoi qu’en dise Marine Le Pen, ce sera quitter l’Union. Ce sera aussi isoler la France, rompre le lien franco-allemand, précipiter notre pays vers d’autres alliances avec ce que le monde compte de dictateurs et autres autocrates hallucinés, à commencer par Vladimir Poutine.

Ce qui s’engage à compter de ce soir, c’est un combat pour l’âme de notre pays. Il n’y a pas de place pour la xénophobie dans la loi. Le destin de la France ne peut être le chaos. S’isoler, c’est s’effondrer. C’est mettre l’économie à l’arrêt. Où seront l’emploi, l’action sociale, les retraites lorsque viendront la récession, les fermetures de frontières, la multiplication des conflits avec nos anciens alliés, nos bailleurs, les institutions européennes et internationales ? Les premiers à souffrir seront les plus humbles d’entre nous, ceux qui ont le moins, ceux que Marine Le Pen prétend défendre et dont, au fond, elle se moque. Peut-on accepter d’être traité différemment en fonction de sa vie, de son histoire, de ce que l’on est, humainement, personnellement, intimement ? La réalité de l’extrême-droite, c’est cela. C’est pour cela qu’il faut la combattre, unis, par-delà nos choix de premier tour, parce qu’il en va désormais de l’avenir de la France. Une autre élection commence. Le choix est entre la République ou l’aventure. Il faut rassembler les millions de Françaises et de Français qui croient en la promesse de la République, en son message d’émancipation, en son devoir de protection, en l’égalité. Et voter le 24 avril, de toutes les forces de la France, pour Emmanuel Macron.

2 commentaires

  1. Benoît Allehaut

    Merci Pierre-Yves. Il est intéressant de constater que les Français sont partagés entre ceux qui veulent plus d’Etat (Mélenchon) et ceux qui veulent tout casser (Le Pen). Tu as raison que le deuxième tour n’est pas acquis pour Macron. Le Pen est plus disciplinée et se focalise sur le pouvoir d’achat et les annonces du président sur les retraites.

    Je crois que si le PCF avait combiné ses forces avec Mélenchon ou si Mélenchon avait fait jeu commun avec les verts il serait au deuxième tour. Je ne crois pas que Macron aurait été réélu dans ce cas de figure.

    Un élément intéressant est le silence sur l’impact des législatives. Les Français peuvent choisir Macron mais ne pas lui donner la majorité à l’assemblée. Les obsèques du PS et de LR semblent prématurées.

    Je suis triste de voir que les plus de 3m de français à l’étranger – un bloc très important d’électeurs (3% de l’électorat) – ne s’est pas déplacé pour aller voter. 35% de participation est très en dessous des années précédentes. Je suis revenu spécialement d’un déplacement à Los Angeles pour aller voter à Mamaroneck à côté de New York City. Une contrainte logistique mais un important geste citoyen.

    J’encourage tout le monde à aller voter et éviter de voir sombrer la France dans un mouvement nationaliste / xénophobe / poujadiste / anti-européen.

  2. Merci pour ton message, cher Benoît. Tu sais plus que tout ce à quoi l’extrémisme se livre lorsqu’il conquiert le pouvoir et refuse de le rendre. Les quatre années de Donald Trump en sont un triste et rude exemple. Il est important de prendre la mesure de ce que nous risquons, comme peuple français, si Marine Le Pen était élue. Il reste une semaine pour mobiliser. Il n’y a pas d’équivalent entre une voix pour Emmanuel Macron, qu’on apprécie ou non son projet, et le vote blanc ou l’abstention. Il faut voter POUR Emmanuel Macron si l’on veut éviter l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir. Il y a d’un côté la République, de l’autre l’aventure. Le temps viendra pour celles et ceux qui défendent un autre projet que celui d’Emmanuel Macron de conquérir la majorité à l’Assemblée nationale en juin. Aujourd’hui, demain, le 23 avril aux Amériques et aux Antilles, le 24 avril en France et dans le reste du monde, c’est la République qu’il faut préserver, ensemble, par un bulletin de vote.

Les commentaires sont fermés.