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Pierre-Yves Le Borgn' Articles

Le monde qui vient

La photo qui illustre ce post, je la regarde souvent. Surtout ces derniers temps. Je l’avais prise l’an passé au retour d’un footing matinal le long de l’océan. C’était à l’Ile-Tudy, dans mon petit coin de Finistère, le jardin secret de nos vacances. L’air était pur et la mer scintillait dans le soleil de fin d’été. Ce matin-là avait comme un goût d’éternité. J’aurais aimé qu’il dure longtemps. L’instant était merveilleux. Cette photo que je chéris est à la fois si proche et si lointaine. Jamais nous n’imaginions la catastrophe sanitaire mondiale qui surviendrait quelques mois plus tard et la crise économique immense qui en découlerait. C’est une photo de jours heureux, simples et sereins, une photo du monde d’avant. C’est aussi une photo qui donne à espérer par la beauté de la mer, son immensité, sa force. Je la regarde comme une promesse en ces temps redoutables. Oui, nous terrasserons le coronavirus. Oui, la vie sera plus forte. Mais le monde, notre monde ne pourra continuer comme avant.

Plus de 100 000 morts, 3 milliards de femmes et d’hommes confinés, une crise économique et sociale dont la magnitude dépasse celle de 2008 et bientôt celle de 1929. Et partout ce mélange de souffrance, de peur, de colère, de ressentiment et de deuil. Le traumatisme créé par la pandémie ne connaît pas de frontières. Il est profond et il durera. Les inégalités et les fractures sociales sont jetées sous une lumière crue. Hommage aux premiers de tranchée, à ceux qui, dans les hôpitaux et les EPHAD, dans les supermarchés et dans la rue (les éboueurs, les forces de l’ordre), se battent pour nous. La crise expose les carences les plus insupportables de notre société. Lorsque le confinement prendra fin, il faudra s’y attaquer car elles portent en elles le germe d’une explosion sociale dévastatrice. Le monde qui vient sera invivable si aucune leçon n’est tirée, s’il s’agit toujours de trimer plus, si c’est « circulez, il n’y a rien à voir », si en clair la réponse relève du déni de souffrance.

Le monde qui vient devra être différent. Protéger n’est pas un vilain mot, c’est une nécessité. Et c’est aussi un devoir. La mondialisation n’est pas un totem. Il doit être permis de la critiquer et de l’améliorer. Je crois aux vertus du libre-échange, mais aussi à celles de nos préférences collectives en matière sanitaire, sociale et environnementale, incarnées par des standards et normes de qualité, y compris si ces préférences doivent conduire à des hausses de prix des marchandises importées. Le commerce international ne peut se résumer au nivellement par le bas des protections, au désarmement des volontés, à l’effacement du citoyen derrière le consommateur. La mondialisation ne disparaîtra pas. Elle est une réalité nécessaire, mais elle devra évoluer. Qui prendra demain le risque de dépendre d’un seul pays ? La diversification des approvisionnements et la régionalisation des productions seront une réponse pour les chaînes de valeur de nombre d’entreprises.

Il faut sauver les entreprises et l’emploi. Des mesures d’une ampleur considérable, totalement inédite même, ont été décidées par les gouvernements, les banques centrales et les organisations internationales, en particulier l’Union européenne. C’est heureux et à la hauteur de l’enjeu. Il s’agit de relancer l’économie. Seule une croissance économique forte conduira au rebond nécessaire. C’est aussi la croissance qui permettra de rembourser les montagnes de dettes légitimement créées. Mais de quelle croissance parle-t-on et au bénéfice de quelle économie ? A l’évidence, ce ne peut être la simple reproduction du monde d’hier. L’économie de la reconstruction sera d’abord le numérique. Et, souhaitons-le de toutes nos forces, l’économie verte et décarbonée aussi. Car les sommes et garanties mises à dispositions sont telles qu’elles offrent dans notre malheur une opportunité unique d’accélérer décisivement la transition écologique. Il faut la saisir.

Il n’est plus question de reproduire l’erreur de 2008-2009, lorsque les plans de relance avaient conduit dès 2010 à un pic d’émissions de CO2. Il ne tient qu’aux autorités nationales et européennes d’orienter les budgets de relance vers l’économie décarbonée, dans un double souci de sobriété et de solidarité. C’est le moment de mettre le paquet sur le déploiement à vaste échelle des énergies renouvelables, sur le stockage de l’énergie, sur la modernisation des réseaux de transport et de distribution d’électricité, sur l’isolation thermique des bâtiments, sur le développement des transports en commun, sur la voiture électrique, sur le fret ferroviaire et fluvial, sur le vélo. C’est aussi le moment de conditionner certaines des aides à la transition écologique, notamment dans le secteur aérien. Jamais une telle opportunité ne se représentera, alors que la crise climatique s’aggrave, de mobiliser de pareilles sommes pour atteindre la neutralité carbone au mitan du siècle.

Ce goût d’éternité que je ressentais en courant le long de la mer un matin de la fin août 2019, je veux pouvoir le retrouver bientôt, face à la mer et à son immensité. Quand ? L’été prochain, je l’espère. Même lieu, même(s) jour(s) et peut-être aussi même heure. Parce que la crise sanitaire sera pour l’essentiel derrière nous et que nous aurons fait collectivement les efforts nécessaires à cette fin. Et parce que nous aurons investi dans les choix et les productions d’avenir, pour protéger la vie, pour protéger les nôtres, pour protéger ces paysages et ces lieux qui nous sont chers, pour transmettre nos racines comme un témoin. Le monde qui vient doit être partagé. Le faire vivre et prospérer, c’est écouter, s’ouvrir, accepter les angoisses et les colères, entendre les espoirs et les propositions d’où qu’elles viennent. C’est un lien de confiance qu’il faut nourrir, encourager, peut-être aussi ressusciter. Le plus grand défi est de construire, le plus beau est de le faire ensemble. Nous y parviendrons.

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Ce printemps que nous n’attendions pas

Je n’ai jamais autant aimé mon vélo que ces dernières semaines. En ces temps de confinement, il est devenu une évasion, une respiration, une liberté et tant d’autres choses aussi. Au bout d’une journée, après la classe à mes enfants, le travail tant bien que mal, les courses et la cuisine, je décroche du mur ma petite reine et je pars vers la forêt de Soignes. J’y ai depuis des années mes chemins favoris, caillouteux, pentus et libres, des chemins que j’empruntais le cœur léger. Je fais mes 20 km de VTT au milieu d’arbres centenaires et d’une nature magnifique. Je n’y croise personne. De jour en jour pourtant, le printemps apparaît, entre le blanc des petites fleurs et le vert tendre des premières feuilles. Là où chaque année, j’apercevais des promeneurs et d’autres cyclistes heureux, il n’y a désormais que des sous-bois vides et des allées désertes. La pandémie est passée par là.

Pédaler, pédaler pour se libérer, espérer, redouter, pour se révolter aussi. Ce printemps n’est pas celui que nous attendions. Dans nos parcours tracés d’enfants du siècle, il n’était pas inscrit qu’un péril sanitaire viendrait menacer la vie. Sans doute étions-nous naïfs, sans doute aussi avions-nous vécu, insouciants, dans un monde qu’à tort, nous imaginions sûrs. Sans doute, sûrement même, avons-nous également des torts. Sur mon vélo, je pense à ma maman seule en Bretagne, à notre famille en Espagne, à ma petite boîte dont je ne sais si elle passera la crise, à ce que je dois dire à mes enfants, encore très jeunes. Et aussi à ce que je ne peux pas leur dire, pour que leur tourment ne se transforme en angoisse. Car il faut vivre pour eux, garder la capacité de s’émerveiller avec eux, se nourrir de leurs sourires pour se dire que oui, ce virus, nous le terrasserons.

Tous les jours, je m’arrête au pied du même arbre, dans l’endroit le plus perdu, le plus lointain de la forêt. Deux ou trois minutes de respiration, deux ou trois minutes pour palper, recueilli, l’épaisse écorce de son tronc. Il en a sûrement tant vu, cet arbre si haut que je n’en aperçois plus les branches. Et il est pourtant toujours là, dressé vers le ciel. Un petit hêtre pousse à ses côtés. Depuis trois semaines, je palpe le même bourgeon. Il commence à s’ouvrir et une petite feuille se laisse deviner. Je me suis attaché peu à peu à ce rituel. Ce coin, ce grand arbre, ce bourgeon sont autant de promesses de vie. Et la vie est toujours rebelle, elle ne se laisse pas dompter. Cette halte est le pic de mes sorties dans la forêt. Je ne m’imagine plus sur les routes de Paris-Roubaix. Cela, c’était avant. C’est comme si maintenant, j’allais rendre visite à un vieil ami.

Le vélo n’est pas une rage, il est un apaisement. Et l’apaisement n’est jamais un renoncement. C’est tout un monde qu’il nous faut protéger et un autre avenir qu’il faut imaginer. Cette crise aura un avant et un après. Elle aura changé à jamais le cours des choses. Nous n’avons qu’une Terre, qu’une vie, qu’une santé, qu’un temps pour agir. Le péril climatique et le péril sanitaire sont les deux faces d’une même médaille. Ne jamais renoncer à la liberté, à la liberté de créer, d’entreprendre et d’échanger. Mais ne plus rien sacrifier au risque environnemental, social et de santé publique. Il nous faut reprendre le contrôle de nos choix, nous unir pour ne pas subir, donner corps à la démocratie et aux solidarités concrètes. Le mercantilisme ne peut être l’horizon ultime. Le monde n’est pas composé de consommateurs, mais de citoyens.

Lorsque vient le soir, au retour de la forêt, il m’arrive au fond de trouver à ce printemps comme une promesse d’espérance. L’air pur y est pour une part, les coups de pédale certainement aussi. Mes enfants m’attendent, amusés de me voir casqué et revêtu des couleurs bariolées du cycliste démodé, pressés aussi d’honorer avec moi le rendez-vous quotidien qui rythme désormais leur vie : les applaudissements sur le balcon pour les soignants, mais aussi les caissières, les livreurs, les ouvriers et tous ceux qui, dehors, se battent pour nous. Ils méritent notre immense reconnaissance. A 20 heures, ce sont des millions de personnes, d’une rue à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un pays à l’autre, qui applaudissent, chantent et espèrent. C’est le meilleur de l’Europe. Puisse cette expression vivre longtemps, bien au-delà de la crise, pour construire un monde meilleur.

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Des cartes et des rêves

Il y a bien longtemps, le jour de mes 7 ans, une crise d’appendicite me valut la première hospitalisation de ma vie. A l’époque, le tarif était une bonne semaine loin de la maison. C’était sérieux. J’étais un petit bonhomme sensible et je me souviens encore d’avoir pleuré à chaudes larmes lorsque le médecin appelé par mes parents indiqua qu’il nous faudrait prendre au plus vite le chemin de la clinique. Je ne savais pas ce qui allait m’arriver. Le lendemain matin, après l’opération et la sortie de l’anesthésie, je découvris près de mon lit un cadeau qui allait marquer ma vie : un puzzle de la France par département. Durant ma longue semaine de clinique, je construisis plusieurs fois par jour mon puzzle, apprenant les numéros minéralogiques des départements et le nom des préfectures. Des décennies après, je me souviens encore des couleurs de chacune des pièces et des illustrations qui les accompagnaient, comme la petite bigoudène sur la pièce de mon Finistère natal.

Il y a des cadeaux fondateurs et celui-ci fut l’un des plus beaux de mon enfance. Je l’ai gardé précieusement, veillant à ce qu’aucune pièce ne disparaisse. Quelques mois après, un puzzle de l’Europe apparut à son tour. Il avait moins de pièces, mais il était intriguant. En effet, je découvrais pour la première fois des noms de pays qui m’étaient inconnus et une réalité géographique nouvelle, l’Europe. De mes départements français, je passais les frontières. L’idée de frontière était irréelle pour moi. A Quimper, nous étions à près de 1 000 kilomètres d’elle et je ne l’avais jamais vue. Mon puzzle de l’Europe me fit rêver et voyager sans que je ne le sache. Je découvrais qu’il existait un autre monde, un autre espace que le mien, avec des drapeaux, des capitales, des côtes et des montagnes. J’étais émerveillé. Ce puzzle-là, je l’ai conservé aussi. Lorsque je le retrouve, des décennies après, je me souviens toujours de mes premières émotions d’enfant.

Mon puzzle de l’Europe est devenu collector. Des pays ont disparu et d’autres ont vu le jour. L’histoire est passée par là et le temps avec elle. La semaine passée, ma maman m’a confié un cadeau pour mes enfants : un nouveau puzzle de l’Europe, moderne et au goût du jour. J’étais curieux, rentrant à Bruxelles, d’imaginer ce que serait leur réaction. Leur parlerait-il autant qu’à moi au temps de l’enfance, eux qui passent les frontières depuis leur premier mois de vie ? Sitôt le papier-cadeau déchiré, la boîte s’ouvrit et Marcos, 8 ans, entreprit de construire son Europe sous le regard de son frère et de sa sœur. Je retrouvais le même enthousiasme chez lui, quoique pour des pays plus lointains que ceux qui avaient attiré mon regard. Pour moi, c’était l’Allemagne ou la Belgique. Pour lui, ce sont la Russie et les oursons dessinés sur les pièces, les sapins finlandais et les montagnes de Roumanie. Et des questions, des tas de question sur les îles, les côtes, l’océan, l’Arctique.

D’un jeu, simple et heureux, peut naître une envie, celle de connaître le monde et, un jour, d’aller le voir. Me voilà parti pour beaucoup d’histoires sur l’Irlande, le Portugal, l’Autriche, l’Albanie et tous ces pays qui font l’infinie richesse de l’Europe. Je m’y prêterai avec bonheur. Atlas à l’appui (autre cadeau de Mamie), j’expliquerai, je raconterai, je détaillerai. Comme mes parents surent le faire lorsque j’avais l’âge de mes enfants. Le taureau qui court dans la Mancha, Marcos, Pablo et Mariana le connaissent mieux que moi. Mais le coq de Barcelos, le Colisée de Rome, la Tour de Londres et l’Acropole d’Athènes ? Du boulot m’attend. Je trouverai bien des photos dans mes archives pour illustrer le tout. La vie, en effet, m’a conduit vers chacune des pièces de mon puzzle d’enfance. L’envie, la curiosité et le travail m’ont donné cette chance. A mon tour de la transmettre, une génération après, pour qu’un puzzle continue de construire les cartes et les rêves.

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Ce que le 49.3 dit de nous


Hier soir, l’Assemblée nationale a rejeté les deux motions de censure présentées par les oppositions à la suite du recours à l’article 49.3 de la Constitution par le gouvernement sur le projet de réforme des retraites. A vrai dire, il n’y avait pas grand suspense. La majorité parlementaire est large et solide. Comme le prévoit la Constitution, le projet de loi a été adopté sans vote. La prochaine étape sera la première lecture au Sénat, prévue dans quelques semaines. Je suis favorable à l’instauration d’un système universel de retraite à points par répartition, mais le scénario des derniers jours, comme également celui des derniers mois, me laisse cependant un sentiment de gâchis. Ce qui aurait pu et dû être présenté comme un réel progrès, une vraie garantie pour nombre de Français ne l’a pas été. C’est un tort pour un projet d’une telle ampleur. C’est aussi un enseignement dont il faut vouloir prendre toute la mesure pour l’avenir.

Fallait-il recourir à l’article 49.3 ? Oui, dès lors qu’une trentaine de députés insoumis et communistes avaient décidé de déposer des dizaines de milliers d’amendements inutiles dans une perspective revendiquée d’obstruction parlementaire. L’obstruction est inacceptable et doit être combattue. Ce n’était pas détourner l’article 49.3 que d’y faire appel dans ces circonstances. Cela s’est déjà pratiqué par le passé. Le recours à l’article 49.3 permettait aussi de rester dans les clous du calendrier gouvernemental d’adoption de la réforme d’ici à l’été prochain. Mais rien à vrai dire ne justifiait un calendrier aussi serré pour un texte dont l’application n’interviendra que dans plusieurs années. Il n’est pas sain de débattre sans raison en procédure législative accélérée. Car le danger de légiférer dans la hâte et sous pression, c’est de travailler sur un projet imparfait, incertain juridiquement et à l’étude d’impact allusive. Et c’est de s’exposer au risque d’obstruction.

Que dit de nous ce 49.3 ? Que nous, Français, ne sommes guère capables de construire ensemble une réforme structurante pour les décennies à venir. La réussite d’une réforme requiert son appropriation par la majorité des Français. A l’évidence, nous n’y sommes pas. Trop de verticalité, trop de technocratie, trop de défiance de l’exécutif à l’égard de l’institution parlementaire et de la démocratie sociale, alors même qu’il faudrait travailler avec l’une et l’autre pour réussir la réforme. Trop de conservatisme aussi, avec pour de nombreuses organisations la défense du statu quo comme ultime horizon, par crainte ou par calcul. C’est là que la pédagogie et le dialogue au service du changement font cruellement défaut. L’affrontement, l’invective et la haine l’emportent, trouvant sur les réseaux sociaux un écho maximal. Il s’y dit même que le gouvernement et le Parlement seraient illégitimes à proposer une réforme dès lors qu’elle serait contestée.

J’espère que le système universel de retraite à points par répartition verra le jour. Je souhaite que le débat à venir au Sénat, où l’article 49.3 ne s’applique pas, puisse redonner du lustre à l’échange parlementaire malmené et permette, par un travail attentif, d’étudier les amendements constructifs d’où qu’ils viennent pour leur faire place autant que possible. Il en est de même de la négociation entre partenaires sociaux sur le financement du nouveau système. La responsabilité est collective. Le débat doit apporter toutes les informations nécessaires, poser les différences et permettre éventuellement de les réconcilier. Au printemps 2017, le candidat Emmanuel Macron avait fait campagne, puis gagné l’élection présidentielle avec quelques idées neuves, parmi lesquelles figuraient la bienveillance et la pédagogie dans l’action. Cette dimension-là s’est perdue et il faut en retrouver l’esprit pour l’avenir de la société française.

Toute réforme, celle-ci ou une autre, a besoin d’une démocratie parlementaire forte. Or, on ne peut faire abstraction du sentiment croissant qu’ont les Français de ne pas être suffisamment représentés. Juste ou injuste, ce sentiment est réel et il faut y apporter réponse. Le Parlement doit être réhabilité et même réinventé. La priorité n’est pas de réduire le nombre d’élus, députés et sénateurs, mais de leur donner les moyens d’agir, tant dans la fabrique de la loi que le contrôle de son application. Il faut pouvoir revenir sur l’organisation des élections législatives après l’élection présidentielle, qui a renforcé l’assujettissement du Parlement à l’exécutif. Il faut aussi une évolution du mode de scrutin qui permette une meilleure représentation des forces politiques en proportion des votes obtenus avec un bonus en sièges à celle de ces forces arrivée en tête. La reconquête de la souveraineté parlementaire est l’une des réponses à la crise de notre démocratie.

Il y a une dizaine d’années, un étrange débat avait traversé la vie des idées sur la pertinence de la démocratie participative. On l’opposait volontiers à la démocratie parlementaire. L’une comme l’autre sont nécessaires et n’entrent pas en collision. Mieux, elles se complètent. La démocratie participative est une condition du vivre ensemble. Se sentir représenté, c’est pouvoir utilement se faire entendre. La Convention citoyenne sur le climat qui prendra fin bientôt en offre un bel exemple. Il faudra le multiplier, nationalement et localement, par une évolution de l’organisation du débat public en France. Libérer la parole et favoriser l’échange est dans l’intérêt de la fonction parlementaire et de l’action gouvernementale. C’est aussi ce qu’il faut pour refaire société et retrouver la force de l’aventure collective. C’est tout cela finalement que le 49.3 dit de nous, par-delà les colères : les passions peuvent rassembler et écrire l’avenir.

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